L'Encyclopédie du Temps Sacré

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L’ENCYCLOPEDIE DES ARGYROPES

Les Eons Premiers de l’Univers

Comme avant toute chose il n’est rien, notre existence commença également par le plus complet néant. Il n’y avait en ces temps immémoriaux qu’un vaste néant glacé et ténébreux, dont nous ne pourrons jamais donner l’âge, car même le temps y était figé dans une éternelle inexistence.

Les humains racontent qu’il y eut le Verbe, au tout début de l’existence, mais nous, nous savons que la première fêlure de ce néant total fut causée par une musique. Il ne s’agit certes pas de la musique au sens commun, mais de la naissance d’une nouvelle harmonie cosmique, un déchaînement d’énergies qui transgressa l’entropie du néant pour créer une parcelle d’espace-temps, là où il n’existait rien jusqu’alors.

Ainsi naquit la Musique des Sphères, nouvelle harmonie d’un monde en devenir, dont les instruments, les Ethers, éclairs de lumière venus des confins de l’inconnu, se répandirent dans l’univers et donnèrent la vie au cosmos. Dansant sur un rythme effréné dans un néant en déliquescence, les Ethers cosmiques firent surgir dans les ténèbres les premières planètes, comètes et étoiles de notre univers.

Le cosmos que nous connaissons aujourd’hui a changé depuis cet âge qu’aucun de nous n’a pu contempler, mais il devait porter ce même voile de nuit sillonné par la lumière de milliers d’étoiles, minuscules points de lumière dissimulant pourtant de si glorieux et brûlants astres.

Au centre mystique de l’univers – ou peut-être seulement dans l’un de ses centres – les Ethers se rassemblèrent en un cercle formé de douze constellations. Ce cercle stellaire, que les humains ont appelé le Zodiaque, forma comme un aimant céleste pour les Ethers, qui s’y propulsèrent en grande quantité et frappèrent son centre, qui devint un centre d’énergie primordial. Ainsi naquit Sol, notre matrice bien aimée.

Sol, devenu un réceptacle des énergies primordiales du monde, se mit à rayonner comme peu d’étoiles l’ont fait dans l’univers, et son rayonnement, si richement béni par les Ethers cosmiques, devint à son tour source de création. En effet, les Ethers solaires, héritages sublimés des Ethers cosmiques, émanèrent de Sol et se lancèrent à leur tour à la conquête de l’univers. Mais, comme des vaguelettes s’écrasant et s’asséchant sur une trop longue plage, les Ethers solaires se dissipèrent dans le vaste univers. La puissance de Sol était réelle, mais sans contrôle et sans guide.

Puis vint l’Iz, le vent cosmique, le vecteur de l’énergie subtile. Ce vent céleste traversa l’univers et servit alors de régulateur aux puissantes vagues d’Ethers solaires, en les maintenant dans un seul et unique système. Nul ne sait d’où vint ce souffle salvateur, mais il bouleversa la face de l’univers.

Le système de Sol devint ainsi le lieu de concentration de toutes ces énergies et, regorgeant de cette puissance, chacune de ses planètes devint à son tour la source d’Ethers mineurs, les Ethers planétaires. Ainsi en fut-il pour Sol, Mercure, Venus, la Lune, Mars et Jupiter. Ces planètes, gonflées par les avalanches d’énergies cosmiques, relâchèrent leurs Ethers planétaires vers un point du système solaire, créant une nouvelle planète depuis les débris suspendus dans l’espace : la Terre, que les Kabbalistes nomment le Graal Primordial et que les Alchimistes appellent l’Athanor Céleste.

Bousculée et gorgée des Ethers planétaires, la Terre erra pendant des éons entre les douze Constellations du Zodiaque, jusqu’à se figer sur un puissant centre énergétique du cosmos : l’Axis Mundi.

Celui-ci devint la base de l’orbite terrienne et, par un phénomène étrange, la Lune en devint un satellite. Bien que figée, la Terre continuait, grâce à l’Iz, à être bercée par le souffle généreux des Ethers planétaires et les transforma peu à peu en des flux cosmiques internes, que l’on nomme aujourd’hui les Champs magiques et dont les fluctuations et l’intensité sont directement dépendantes de l’Axis Mundi.

Les Cycles Premiers du Graal Primordial

Peu à peu, la Terre assimila ces énergies venues de Sol et des planètes, et les convertit en phénomènes géologiques. Ce fut l’Âge du Cycle Minéral : il y a quatre milliards d’années, les roches se déformèrent, s’emparèrent des bases du monde et creusèrent le sol pour en faire jaillir la mer originelle, les volcans et les montagnes, brisant le continent unique en trois morceaux. Sur ces piliers de roches, de terre et d’eau, la vie put enfin naître.

Les Ethers planétaires frappant la Terre donnèrent naissance aux premières plantes. Ce fut l’Âge du Cycle Végétal, qui prit son essor avec la multiplication de grandes forêts, d’une flore variée et d’un air nouveau, propice à l’arrivée d’autres formes de vie, plus évoluées, plus intelligentes. Les cycles se succédant, la Terre se hâtait vers l’apparition de ses premiers habitants.

Ce fut l’Âge du Cycle Animal, il y a 245 millions d’années de cela. Les premiers êtres à parcourir le monde furent les reptiles, aptes à évoluer sur une Terre encore bouleversée, et les Sauriens furent les plus intelligents d’entre eux.

Les Sauriens, êtres intelligents et conscients, étaient liés aux Champs magiques de la Lune qui se déversaient sur la Terre. Communiquant par télépathie, ils étaient prompts à s’adapter au monde et ils dominèrent facilement ce monde végétal, aménageant la Terre à leur goût, élevant de monumentales cathédrales de végétaux entrelacés, d’immenses cités aux murs d’opales et d’argent, et des temples colossaux d’albâtre dédiés à leur seule maîtresse, la Lune, astre si proche et pourtant si lointain. Pour elle, ils édifièrent une grande civilisation, puissante, dévouée et grandiose, jusqu’à des proportions démesurées. Dans leur très sincère dévotion, ils ne virent pas la folie de leur obstination.

En érigeant cette civilisation, ils sollicitèrent tant les Champs magiques de Lune que ceux-ci s’affaiblirent et commencèrent à péricliter. Les cathédrales végétales se fanèrent, les cités d’opales se lézardèrent et les temples d’albâtre perdirent leur couleur de pureté. Devant ce phénomène, les Sauriens s’inquiétèrent de la faiblesse de la Lune face à leurs besoins avides de Champs magiques. La plupart d’entre eux, sentant que leur règne était terminé, refusèrent de s’apitoyer sur une fin programmée et plongèrent dans une douce et bienheureuse léthargie au sein de leurs cités, sous la lueur faiblissante de la Lune, leur bienfaitrice.

Le temps des Sauriens semblait toucher à sa fin, il était temps qu’une nouvelle ère commence sur la Terre. L’harmonie de la Musique des Sphères se refusait à voir la vie disparaître. Alors, l’Iz frappa de nouveau la Terre, sans que les Sauriens endormis ne s’en aperçoivent. Le vent du renouveau avait apporté avec lui les germes des Kaïm, les Fils des Ethers, qui naquirent sous l’influence des cinq Champs magiques véhiculant les Ka-éléments : l’Air, l’Eau, le Feu, la Lune et la Terre, issus respectivement des Ethers planétaires de Jupiter, de Mercure, de Mars, de la Lune et de Vénus.

Grandissant dans des points de convergence des Champs magiques, les Nexus, ils se développèrent et, dénués de corps physiques, parcoururent le monde sans attirer l’attention des Sauriens. Ce fut le début de l’Âge du Cycle Spirituel, et les Kaïm savaient que ce serait leur âge.

Deux Kaïm naquirent dans des conditions différentes des autres. En effet, dans une conjonction extraordinaire, à la croisée des Champs magiques, au niveau de la voûte céleste, point de contact entre l’énergie de Sol, le Ka-Soleil, et les Ethers planétaires alimentant la Terre, on vit naître deux Kaïm étranges portant en eux l’Ombilic solaire, c’est-à-dire une parcelle du Ka-Soleil, faisant d’eux des êtres dotés de six Ka-éléments au lieu de cinq. Cette once de Ka-Soleil, que l’on nomme Kham ou Feu du Ciel, fit de Prométhée et d’Epiméthée des êtres uniques, doués d’une prescience sans pareil. Ils furent deux êtres gémeaux si proches, et pourtant aux destins si éloignés…

Au même moment, l’Iz vint déposer sur la Lune un autre être unique, Morphée. La Lune, étendue désertique et solitaire, devint son sanctuaire, d’où il put observer le devenir de ses frères, là-bas, sur la Terre.

Ils ne devaient pas être les seuls êtres uniques à apparaître chez les Kaïm. D’autres étaient destinés à venir jouer un rôle dans l’histoire du monde, chacun à son tour, émergeant l’un après l’autre d’un cocon oublié dans un Nexus lointain. La Lune et le Soleil avaient déposé les leurs, restaient Mars, Mercure, Jupiter, Venus et Saturne. Néanmoins, le cocon de cette dernière planète resta longtemps un satellite tournant autour d’elle sans but, pour une raison qui nous demeure inconnue.

La Naissance des Primordiaux

Attristés par le déclin des Champs magiques de la Lune, les Sauriens tombaient peu à peu dans des léthargies oniriques apaisantes et bien plus appréciables que la vision de la lente agonie de leur civilisation. Mais, refusant de se laisser aller à un sommeil fataliste et contemplatif, un tyrannosaure du nom de Mû décida de ne pas accepter la chute de l’empire saurien et de trouver un remède à l’affaiblissement de leur pouvoir. Faisant appel à la Lune, il se plongea dans des visions prophétiques et imagina, en proie à de sombres délires, une Lune nouvelle, reflet ténébreux de la première. Autant la Lune première était blanche et pure, autant cette nouvelle Lune était ténébreuse et opaque, et assez puissante pour dominer les Champs magiques et les convertir à ses lois.

Mû, totalement dévoué à ses visions, s’entoura des jeunes Sauriens les moins enclins à partager le lourd sommeil des anciens, encore dynamiques face aux apathiques Sauriens vénérables. Ensemble, ils créèrent une cour autour du tyrannosaure, partageant sa passion dévorante et son exaltation pour la transgression des lois cosmiques. Pour échapper aux critiques des vénérables Sauriens choqués par les rituels impies de Mû et de ses disciples – que les Selenim nomment aujourd’hui les Primordiaux – les Sauriens rebelles créèrent un nouveau continent en détournant des Champs magiques. Là, dans ce lieu de non vie et de non mort, où le temps n’avait plus d’emprise, ils se retrouvèrent ensemble et célébrèrent l’avènement prochain de la Lune Noire.

Guidé par des visions de plus en plus fréquentes et violentes, Mû se lança dans un combat sans pitié contre les autres Sauriens. Les Sauriens apathiques furent bouleversés de voir les Sauriens noirs, les suivants de Mû, brûler les cathédrales végétales, renverser les cités d’opale et piétiner les temples dédiés à la Lune. Ceux qui résistèrent furent sacrifiés sur l’autel du nouvel idéal de Mû, ceux qui purent s’enfuir connurent la rage, la violence, la haine, la peur et la folie. Cette débauche de sang et de pulsions terrifiées alimenta les visions de Mû, et c’est avec une passion extatique qu’il vit s’élever une sphère noire et parfaite, un disque de ténèbres forgé par les peurs et les haines, qui vint éclipser la Lune de son ombre : la Lune Noire était née.

Célébrant l’avènement de la Lune Noire, les Primordiaux installés en actuelle Ecosse élevèrent dans la vallée de l’Urquhart un temple cyclopéen tout entier dévoué à la Lune Noire obscurcissant le ciel. Avec des rites interdits, ils recueillirent la puissance de la Lune Noire et en gorgèrent des artefacts qui persistent encore aujourd’hui, souvenirs de ces temps de meurtres et de carnages.

Les Guerres Sauriennes

De telles célébrations causèrent tant d’effroi chez les Kaïm qu’ils décidèrent qu’il fallait mettre fin à ces célébrations et à l’empire déchu des Sauriens. Ils sillonnèrent les Highlands et tuèrent les Sauriens avec un empressement mêlé de terreur. Rares furent ceux qui, comme Nessiteras Rhombopteryx, parvinrent à s’enfuir dans les entrailles de la Terre, où ils s’endormirent en sûreté.

Bouleversés par les cérémonies et l’ascension de la Lune Noire devant la Lune, les vénérables Sauriens s’éveillèrent à jamais du Rêve et virent la Mort fondre sur eux sous la forme des Kaïm enragés. Mû, toujours plus visionnaires, annonça de grands changements pour son peuple, mais n’eut guère le temps de prophétiser davantage : les Kaïm, les fils des Ethers, comme insultés par l’apparition de la Lune Noire, voulurent se venger de l’abomination qui venait d’apparaître devant la Lune. Tous unis derrière la volonté d’éradiquer les Sauriens, ils massacrèrent sans distinction Sauriens Blancs et Sauriens Noirs, aveuglés par la colère et par l’astre des Primordiaux. Mais, malgré la mort et l’infatigable traque de Mû, la Lune Noire demeura.

Depuis son sanctuaire d’argent, Morphée regardait les Kaïm s’attaquer aux suivants de Mû. Dès sa naissance en solitaire, il avait été comme fasciné par la Terre, la « Lune Bleue » de ses cousins. Désespérément seul, il s’était dessiné grâce à la Rêverie un petit paradis sur la Lune : il demeurait dans un palais de Ka-Lune aux arches de cristal veinées par des songes, aux miroirs brillant sous la course des étoiles, aux jardins florissants de pierres précieuses. Il devait ses prodiges à son grand art, mais aussi à la puissance du Nexus sur lequel il avait établi son domaine lunaire.

Ce sanctuaire de rêves et de paix lui sembla bien amer lorsque la Lune Noire masqua sa vue, dispensa sa maléfique emprise et priva de l’éclat argenté les adeptes de la Lune sur Terre. Alors, faisant de nouveau appel à sa toute-puissante Rêverie et à sa foi profonde en les Ethers, il tissa une gangue de lumière argentée autour de la Lune Noire, l’enfermant dans une prison d’opale monumentale.

Libérés de l’emprise de la Lune Noire, les Ethers de la Lune revinrent frapper la Terre et les Kaïm, leurs Pentacles restaurés, voulurent porter le coup de grâce à leur ennemi. Ils forgèrent ensemble une lame céleste qui frappa de plein fouet l’astre maudit, qui explosa sous l’impact. Ce fut l’un des plus puissants cataclysme qui frappa la Terre, et de nombreuses espèces mineures sur la Terre furent balayées par les conséquences de cette explosion. Son noyau dur, immuable, vint s’écraser non loin de l’actuel Yucatan, et d’autres morceaux ténébreux vinrent s’écraser sur Terre, alors que l’essentiel de l’astre disparaissait dans l’espace. Mais la Lune Noire, pénétrant dans l’enceinte de la Terre, corrompit les Champs magiques de la Lune. Les Kaïm furent alors condamnés à ne plus connaître le Rêve, à l’exception de Morphée, épargné dans son refuge.

Sans s’apitoyer sur leur sort, les Kaïm continuèrent leur traque éperdue des suivants de Mû, qui avaient fui en voyant leur astre et leurs pouvoirs péricliter. Meurtris, blessés, haineux, ceux qui survécurent trouvèrent refuge dans les recoins des Champs magiques, espérant échapper à la fureur des Kaïm. L’âge des Sauriens était terminé, la chute de la Lune Noire avait provoqué la fin des rêves de Mû. Le temps appartenait désormais aux Kaïm : l’Âge du Cycle Spirituel pouvait commencer.

Hantant les ruines des anciens temples des Primordiaux, les enfants maudits des Sauriens, animés d’un Cœur de Lune Noire, parvinrent à survivre aux purges, alors que la furie meurtrière des Kaïm prenait fin. Monstres à jamais maudits, maîtres des créatures animales et des forces de l’astre ténébreux, terrifiants à en faire perdre la raison, ils se cachèrent dans les vestiges des temples du passé, où résonnaient encore les échos des cérémonies impies.

L’obscure Destinée des Primordiaux

La chute de la Lune Noire n’avait pourtant pas mis fin à son influence, même si les Sauriens étaient massacrés en nombre. Développant sa personnalité propre, la Lune Noire donna naissance à deux psychés jumelles et pourtant bien différentes. Le premier élément, solide et masculin, fut tué avec les Sauriens, dissipant les Champs magiques de Lune Noire palpables qui s’étaient tissés sur Terre. Mais sa jumelle, que l’on nomme aujourd’hui la Pavane, subtile et féminine, parvint à échapper à la fureur du monde, fuyant la haine qui pourtant la nourrissait.

Entité fragile, elle passa inaperçue parmi les Kaïm épuisés et trouva refuge dans les Plans Subtils en profitant de la traque des derniers Sauriens. Là, en sécurité, elle forgea son propre royaume subtil, où la rejoindraient ceux que l’on nomme les Euménides.

La Mort avait frappé indistinctement les Sauriens. Tous infectés par les scories de la Lune Noire, ils furent impitoyablement massacrés par les Kaïm en quête de pureté. Quelques-uns, bien cachés, parvinrent à survivre mais, blessés, ils laissèrent leurs enveloppes charnelles dépérirent et se plongèrent dans un profond sommeil. Esprits à la dérive, ils errèrent au gré des courants de la réalité et trouvèrent parfois refuge dans des Plans Subtils en devenir, poches de réalité fantasmagoriques, unies au monde matériel par un lien mystérieux. Aujourd’hui, nous reconnaissons leur présence dans ce que nous appelons les Ecumes d’Antimoine, et les rêves des plus puissants d’entre eux, notamment Kraken, Charybde ou Sylla, alimentent encore de nos jours des Plans Subtils, grâce à une très forte activité onirique.

Ceux qui se perdirent dans cette Rêverie mais qui ne purent s’accrocher à ces Plans Subtils devinrent les Euménides, formes spirituelles noyées dans la sombre puissance de la Pavane. De ces âmes perdues émergèrent trois Euménides, trois conglomérats des âmes des Sauriens Noirs perdus dans leur Rêverie et sans forme physique, qui allèrent se réfugier au plus profond des ténèbres des Plans Subtils, dans ces endroits lugubres que l’on nomme les Antiterres. De ces profondeurs, n’ayant des images du monde que par l’intermédiaire de la Ténébreuse, un artefact puissant créé dans le temple maudit d’Urquart, elles y ruminèrent une vengeance et la renaissance de la Lune Noire dans sa forme la plus pleine.

Un autre Saurien Noir parvint à échapper aux purges des Kaïm, blessé et perdu. Mû, éreinté, agonisait lentement lorsqu’il découvrit un cocon immense et totalement clos, qu’il perça en quête d’un refuge.

Déposé par l’Iz sur Terre, le cocon minéral de Rebis, l’Androgyne, fruit des Ethers de la Terre, était resté emprisonné depuis sa naissance dans sa coquille minérale. L’être au corps siamois passa ses millénaires d’enfermement à imaginer le monde extérieur, un monde merveilleux qu’il rêvait de découvrir lorsqu’il sortirait de sa cellule natale. Façonnant selon ses désirs son cocon, il se morfondait pourtant dans sa solitude.

Un jour, il vit venir une « Ombre », une créature de Lune Noire, blessée, qui pénétra son cocon originel. L’être siamois accueillit avec curiosité et bienveillance Mû, créature blessée, et le soigna de son mieux. Réfugié dans ce Palais Fermé, le Saurien Noir affaibli s’endormit sous la protection de Rebis, rêvant de ces projets anciens et visionnaires d’une lune noire restaurée.

L’Atalanta Fugentis et les Hécatombes de la Malédiction

Emergeant du cocon venu de la Lune surgit une créature frêle, immensément belle, femme nue à la peau laiteuse et à la chevelure scintillante comme la queue blonde d’une comète en plein voyage. S’éveillant seule au milieu des décombres de la civilisation déchue des Sauriens, marchant sur les fondations brûlées des temples profanés, errant sous les arcades racornies des cathédrales végétales, contemplant les ruines des cités autrefois merveilleuses, Atalanta, « Sœur du Monde et Quête de mon Cœur » en énochéen, pleura alors le massacre des Sauriens et la corruption des Champs magiques de la Lune par les poussières de l’astre maudit. Dans ces lieux de mort, ce Kaïm basaltique à l’apparence de mirage se jura de faire renaître l’espoir sur la Terre pour excuser les destructions causées par les Kaïm vengeurs.

Elle se lança dans un projet gigantesque : tous les cinq mois, elle s’installait dans un endroit désolé, comme il y en avait tant, et elle le transformait après des mois et des mois d’efforts en un petit paradis terrestre. Ainsi, elle éleva partout dans le monde des jardins fabuleux, voyageant d’un point à l’autre du monde pour trouver les lieux qu’elle métamorphoserait en sanctuaires d’espoirs. C’est ainsi, au cours de ces voyages, qu’elle découvrit les Lignes Ley, sentiers magiques tracés sur les champs telluriques.

La malédiction de la Lune Noire continua à frapper. Rares sont les initiés qui connaissent cela, et nous-mêmes ne l’avons appris que récemment, bien que nous l’ayons longtemps suspecté : les Kaïm qui avaient été blessés lors des combats contre les Primordiaux virent leurs corps se pervertir suite à l’empoisonnement de leurs Pentacles par les griffes d’obsidienne. Ils devinrent des Ethérés, ancêtres des Selenim, et leurs pentacles se transformèrent en un Noyau de Lune Noire sujet à l’Entropie. La plupart d’entre eux furent massacrés au même titre que des Sauriens, confondus avec les disciples de Mû, lors de la terrible bataille de Yog-Sothot.

Certains parvinrent à échapper au massacre des Kaïm et retournèrent sur le continent créé autrefois par les Primordiaux, celui qu’ils nommèrent « Au-delà de l’Onde Amère ». Là-bas, les Ethérés rejoignirent des Sauriens qui se nourrirent de leur essence ou plongèrent dans les profondeurs du Loess de la Pavane, au plus profond des Champs magiques de la Lune Noire, où ils plongèrent eux aussi dans une profonde et ténébreuse léthargie.

D’autres furent sauvés par quelques Kaïm plus perspicaces, qui les soignèrent, les observèrent et les étudièrent. Ils comprirent bien avant l’heure la nature de la Lune Noire et l’apparition des Selenim, mais préférèrent se taire plutôt que de voir le massacre des Ethérés par des Kaïm aveuglés par la haine de la Lune Noire.

L’Ere des Kaïm : la Dévolution

Le Cycle Spirituel commença donc sur des terres désolées et ravagées par la haine, dominées par les Kaïm, enfants des Ethers planétaires. Orgueilleux, les Kaïm se considéraient comme la perfection face à l’horreur des Sauriens. Unissant le spirituel et le physique, ils devinrent des Métamorphes, êtres aux corps basaltiques, part des éléments. Les Kaïm du Feu firent corps avec la lave, les Kaïm de l’Air fusionnèrent avec les nuages, les Kaïm de l’Eau devinrent les vagues, les Kaïm de la Terre se firent animaux ou végétaux, et les Kaïm de la Lune incarnèrent des monstres légendaires et oniriques. Chacun d’eux exprima les facettes des éléments, se retrouvant dans la foudre ou l’incendie, le brouillard ou la tornade, l’écume ou le corail, le sable ou la pierre, la maladie ou le reflet…

Les Kaïm vivaient ainsi en communion avec leur habitat, l’exploraient jusqu’à en avoir l’absolue sapience. Alors, ils quittaient leur Métamorphe basaltique et se dispersaient dans les Champs magiques, propageant leur sagesse dans ces courants d’énergie. Peu à peu, leur Ka-élément pouvait se reformer et donner naissance à un nouveau Kaïm, sous une nouvelle forme, toujours en quête du savoir. C’est ainsi que certains Kaïm purent se réincarner de nombreuses fois, comme le Lion Vert, issu du cocon de Mars, du Ka-Feu, qui connu cinq incarnations basaltiques et autant d’émergences dans les Champs magiques.

Cette période riche en sapience est nommée Ere de la Dévolution et reste l’un des plus agréables souvenirs des Nephilim lorsqu’ils recouvrent un peu de sapience de cette époque lointaine.

Le Tutorat Elémentaire : l’Evolution

La disparition des Kaïm dans les Champs magiques, rituel partagé par tous, devint de plus en plus lourd pour les Fils des Ethers, qui contemplaient leurs Pentacles, structurés par les cinq Ka-éléments. Jugeant leur sapience trop précieuse, les Kaïm finirent par refuser de se sacrifier dans les Champs magiques. Par ce refus, ils fermèrent également l’accès à la communication de leur sapience et attisèrent des convoitises et jalousies entre eux. Ils finirent par s’affronter, ouvrant l’Ere de l’Evolution sur des conflits sanglants entre Kaïm. Chacun de son côté partit à la recherche de la Sapience dissimulée encore dans les Champs magiques, combattant d’autres quêteurs et fouillant les Nexus puissants avec avidité. Là, les Architectes Elémentaires bâtirent les premiers Temples élémentaires, sanctuaires dédiés aux Champs magiques et aux Ka-éléments.

Reconnaissant que l’union faisait la force, les Kaïm s’allièrent en petites fraternités. Ainsi, ils découvrirent les joies de la Communion et de la Sapience partagée, mais aussi les oppositions élémentaires . Les tensions entre les Kaïm de Ka-éléments opposés s’exacerbèrent et les rares sociétés qui tentèrent de s’élever s’effondrèrent aussitôt. Néanmoins, après plusieurs échecs, une institution parvint à prendre assez d’ascendant pour survivre aux haines et aux incompréhensions : le Tutorat Elémentaire s’imposa, regroupant en son sein les cinq Ka-éléments. Le Verbe triompha enfin de la Force.

Le Tutorat Elémentaire établit un conseil de Champions, nommés par chaque famille élémentaire. De ce conseil émergea un Magister, un délégué élémentaire chargé de diriger les Kaïm et de dispenser la sapience de son Ka-élément. Les représentants élémentaires se succédèrent les uns après les autres, mais, lors du Magister de la Lune, la révolte gronda : des Kaïm, encore terrifiés par la corruption des Sauriens et l’apparition de la Lune Noire, décrièrent les Onirim, les Kaïm de la Lune.

Les Chrysolites, mouvement extrémiste désirant la chute du Magister de la Lune, furent rejoints par de nombreux autres Kaïm, et les Onirim finirent par être bannis par la masse apeurée. Le Tutorat Elémentaire se sépara de la Lune et l’équilibre élémentaire fut rompu. Cette époque a marqué à jamais les Kaïm de la Lune, et c’est une douleur cuisante qui pèse encore ceux qui en ont les souvenirs. Certains des nôtres portent encore les marques de cette haine terrifiée, qui mena certains extrémistes à amputer les pentacles des Onirim pour les séparer à jamais des Champs magiques de la Lune. Ainsi naquirent les Cruxim, victimes de la folie des Kaïm.

Pour autant, les peurs des Kaïm n’étaient pas infondées, même si l’existence de la Pavane et des Ethérés restaient secrètes. Les Chrysolites, s’appuyant sur la peur des Kaïm qui avaient affronté les Sauriens et leurs sombres rejetons, poussèrent le Tutorat des Quatre Eléments à entériner le rejet de la Lune. Néanmoins, ils servirent en cela davantage les efforts de la Lune Noire. En effet, blessés et trahis, les Cruxim, par la torture de leur Pentacle, alimentèrent les puissances obscures de cette douleur sans nom. Leurs bourreaux n’y virent que des résurgences de la folie des Sauriens. Les Cruxim furent donc traqués et tués par ceux-la même qui les avaient créés. Les rares survivants passèrent de « l’Autre Côté de l’Onde Amère », en Amérique Centrale, auprès des enfants de la Lune Noire encore en vie.

Découvrant les traques sanglantes et les ablations impies, Morphée ne supporta plus de voir les Kaïm se déchirer pour de si folles raisons et descendit sur Terre en étirant sa Rêverie. Il amena avec lui d’autres scories de la Lune Noire, souillant de nouveau la Terre sans le vouloir. Sous l’œil de la Pavane qui le suivait comme une ombre, il s’interposa entre les Onirim et les autres Kaïm. Lui qui avait rêvé d’un monde en paix défia les quatre Tuteurs Elémentaires et leur offrit le Songe. Ensemble, les quatre Magister visitèrent le labyrinthe onirique de Morphée et découvrirent un monde idéal dans la Rêverie de l’être lunaire.

La naissance d’un nouvel ordre et le Royaume des Parques

Lorsqu’il dissipa sa Rêverie, dans laquelle les Tuteurs élémentaires s’étaient perdus, Morphée se tourna vers les quatre Magister et ceux-ci comprirent qu’ils s’étaient fourvoyés. Reconnaissant de nouveau l’appartenance légitime de la Lune à leur pentacle, ils avouèrent leurs fautes et le Tutorat prit fin.

Les Onirim, forts de la victoire de Morphée, réaffirmèrent la pureté de leurs intentions, mais il était déjà trop tard, car la Lune Noire s’était déjà infiltrée dans leurs rangs. Découvrant la mutation des énergies magiques de certains membres de leur Ka-élément, les Onirim prirent peur, mais refusèrent de s’exposer à de nouvelles purges meurtrières. Ils couvrirent donc la naissance des premiers Selenim, fruits des haines exacerbées par le bannissement de la Lune et par la chasse aux Cruxim. Ceux qui étaient nés avant la descente de Morphée sur Terre avaient d’ailleurs participé à la protection de certains Onirim et Cruxim, obtenant en contrepartie le silence des Kaïm de la Lune. Cependant, les Selenim, dépendants de l’Assouvissement pour nourrir leur noyau de Lune Noire, durent fuir devant les traques des membres des Chrysolites. Le manque d’Assouvissement entraîna la déliquescence de leurs noyaux de Lune Noire, l’Entropie, et, errant pour trouver de quoi subsister, pourchassés par quelques Kaïm, ils devinrent les Maudits. C’est en cherchant une source pour abreuver leurs Noyaux de Lune Noire qu’ils découvrirent, dans les entrailles de la Terre, une source qu’ils crurent inépuisable : un cocon de Ka-Soleil.

Là, repus, s’assouvissant en masse sur ce cocon doré, ils se créèrent un royaume caché, dans lequel il prirent le nom de Parques. Ils s’y gorgèrent de Ka-Soleil et étudièrent leur propre énergie, le Ka-Lune Noire.

Morphée remonté sur la Lune, les Kaïm tentèrent d’oublier les dissensions du passé, mais certains continuèrent à considérer les Kaïm de la Lune comme un danger potentiel, voire comme des ennemis. Les Chrysolites et ceux qui prirent le nom de Prophètes de la Nitescence Opaline continuèrent à comploter contre les Onirim. Parallèlement, les Onirim les plus marqués par la traque du Tutorat des Quatre Eléments se rassemblèrent autour de quelques Cruxim et Selenim pour étudier le Ka-Lune Noire et ses origines, prenant le nom de Questeurs de la Sapience Primordiale. Ils fondèrent leur sanctuaire dans un jardin secret en Sicile, où ils confrontèrent l’étrange Ka-Soleil au Ka-Lune Noire et où ils accueillirent les survivants de Yog-Sothot qui répondirent à leur appel de paix. Ils devinrent les protecteurs des Maudits de tous les cycles.

La Naissance d’Hermès et de l’Ecriture

Communiquer était une seconde nature pour les Kaïm. Il suffisait que deux pentacles entrent en résonance pour que chacun s’abreuve de la sapience de l’autre, comme un chant de magie et de Ka. Mais Hermès, un Eolim issu d’un des étranges cocons minéraux, ne connut jamais le plaisir de ces résonances. Incapable de humer les champs magiques et de répondre à ses frères, comme un enfant muet, il s’ouvrit au monde malgré ce handicap en accumulant le savoir de ses frères.

Mais de nombreux Kaïm l’accusèrent de vouloir garder tout les secrets pour lui seul, puisqu’il ne pouvait pas communiquer en retour. Hermès chercha donc un moyen de leur faire parvenir son savoir accumulé en contournant son handicap.

Il y parvint le jour où il grava sur un morceau de Ka une phrase en énochéen. Il inventa l’écriture et le temps se figea un instant alors qu’un nouveau concept naissait dans l’Eidos. Un pont s’étendit entre l’écriture terrestre et l’écriture eidétique, et une créature fantastique, incarnation des impossibles et des incohérences, émergea de l’Eidos pour s’installer dans le monde de Pachad. Ainsi naquit le suzerain Lukian, la Lumière du Ciel sur la Terre en énochéen.

Au cours de ses errances érudites en quête du savoir caché des Kaïm, Hermès découvrit un cocon recelant un autre membre du Glorieux Alliage. Mais la gangue d’émeraude était fermée hermétiquement et il ne parvint à en trouver la faille que par sa grande sagesse. Emergeant de l’atmosphère confinée de son cocon, une jeune femme à la peau mate et à la beauté éblouissante apparut et se dressa de toute sa taille. Mais ses yeux ne virent rien du monde magique qui l’entourait. La libération d’Esméralda l’avait rendue aveugle aux champs magiques. Dès lors, l’ondine fut condamnée à ressentir les joies et les douleurs de Ka-ïa plutôt que de les voir.

Les DraKaOns et l’Involution Angélique

Depuis la chute des Sauriens et l’élévation du Tutorat Elémentaire, les Kaïm s’étaient lancés dans de nombreuses voies de recherche, arpentant des chemins divergents dans le but d’obtenir la toute-puissante Sapience. Certains Kaïm parvinrent à adopter la forme de Métamorphes Symboliques, mais cela resta un évènement rare.

Lorsque les quatre Magister du Tutorat des Quatre Eléments annoncèrent l’échec de leur institution, les Kaïm durent trouver un nouveau mode d’organisation, plus en phase avec leurs recherches et abandonnant les vieilles séparations entre Ka-éléments. De petites fraternités mixtes se composèrent et délaissèrent la recherche sur un Ka-élément : désormais, ils se rassemblèrent derrière une idéologie de recherche. Ces groupes prirent le nom d’Ar-Ka-Na et établirent leur communauté de pensée grâce à un pacte intime scellé en eux, le Serment-Ka. Unis et fidèles, ils purent s’adonner à l’expérience du monde et à l’étude de ses secrets.

Les Custodiens de Ka-Ia, petite Ar-Ka-Na dont le nom est aujourd’hui tabou, perça les mystères de Ka-Ia, notre Terre matricielle, âme du monde physique et magique. Ils lui dédièrent un culte fidèle, mais se scindèrent en deux croyances très tôt. Le schisme distingua ceux qui voyaient en Ka-Ia la mère douce et harmonieuse de ceux qui la percevaient violente et dominatrice. Ces derniers firent de grands pas en avant, mais ne s’aperçurent pas des conséquences de leurs actes. Ils se concentrèrent sur un seul Ka-élément de leur pentacle, devenant surpuissants dans ce seul Champ magique. Mais leur obsession pour le retour à l’essence de la puissance les réduisit à l’état de Métamorphes quasi-bestiaux, proches du Khaïba et de la folie.

Devenus incroyablement puissants et ne craignant plus rien, ils voulurent mesurer leur puissance en écrasant leurs frères inconscients du danger. Les Fils des Ethers, mal préparés, tombèrent sous la domination de ces êtres surpuissants, mais les Ar-Ka-Na se rebellèrent bien vite contre ces êtres uni-élémentaires que l’on nomma alors les Dra-Ka-On. Les vingt Ar-Ka-Na se regroupèrent et formèrent l’union dite de la Roue Céleste pour faire face aux instincts élémentaires primales des Dra-Ka-On. Ils les attaquèrent en masse et beaucoup de ces monstres furent dissipés dans les limbes proto-akashiques. Les autres décidèrent de muter une nouvelle fois en fusionnant pour devenir des monstres de puissance. Ainsi apparurent le célèbre Béhémoth au Moyen-Orient, Vafneer à Bachstadt, Baneshi à Grenade et le redoutable Dragon de l’île de Bretagne.

La Roue Céleste ne connut pas de répit pour combattre les Dra-Ka-On et notamment le meurtrier Béhémoth. L’Ar-Ka-Na des Maîtres Pragmatides fut d’une grande aide en forgeant les Lames Mystiques, forgées en adamante, images de la lame qui pourfendit jadis la Lune Noire, et qui s’avérèrent mortelles pour les Dra-Ka-On. Même si Béhémoth périt, il demeura un exemple pour de nombreux Dra-Ka-On qui continuèrent à combattre les Kaïm en son nom.

Certains Dra-Ka-On, voyant la mort approcher, préfèrent s’enfuir dans les Champs magiques et y entrer en catalepsie. Ils restèrent pourtant à l’écoute de la rumeur du monde, grâce à une conscience élémentaire qui dépasse encore aujourd’hui notre entendement. Ils perdirent la notion du temps court et ne pensèrent plus, dans leurs projets oniriques, qu’à long terme, préparant leur retour et leur vengeance pour des éons dans le futur, lorsqu’ils auront récupéré de leurs blessures et que les Nephilim seront devenus trop faibles pour se défendre.

L’un d’entre eux, appelé communément Béhémoth car il combattait en hommage au Béhémoth original, s’endormit dans la plaine d’Illion, en Eolide, là où la ville de Troie s’élèverait plus tard et où un culte DraKaOnique serait fondé, le vénérant sous les aspects du Taureau et du Crocodile, de la Terre et de l’Eau, ces éléments qui avaient fait de lui cette puissance indomptable en sommeil.

D’autres Dra-Ka-On survécurent au massacre en restant sous la protection de Kunlun, un Dra-Ka-On surpuissant, fruit de la fusion de trois vénérables Dra-Ka-On qui lui offrirent leurs puissances élémentaires différentes. Cet être magistral guida les siens jusqu’au Fleuve Jaune où il plongea après avoir mis en sécurité ses frères, hors de portée des Kaïm. Il devint lui-même une source inaltérable de Nexus, de Plexus et de Champs magiques qui gorgèrent la terre des Malodred, les Kaïm d’Orient. Ceux-ci, si paisibles dans ce paradis magique, s’isoleront du reste du monde jusqu’à en ignorer tout des activités des autres Kaïm jusqu’au Déluge.

Les Kaïm, fatigués par les différentes épreuves qu’ils venaient de traverser depuis la chute du Tutorat, convinrent qu’il était temps de créer une nouvelle façon d’exister, de ressouder les liens perdus de la communauté. C’est à cette époque que naquirent les premiers espoirs du Sentier d’Or, un nouveau chemin pour les Kaïm, qui les mena à leur chute.

Pour autant, les Kaïm ne délaissèrent pas tous la traque des Dra-Ka-On. Ainsi en fut-il pour les membres de l’Ar-Ka-Na de l’Iridescence Ordalienne, qui continua à chasser les êtres monstrueux à l’aide des Lames mystiques. Parallèlement, faisant preuve d’une incomparable persévérance, les membres de l’Ar-Ka-Na des Arpenteurs Chtoniens continuaient à pister les Sauriens et notamment le plus terrible d’entre eux, Mû. Peu à peu, ils finirent par localiser le Saurien Noir quelque part dans les profondeurs, et ils envoyèrent cinq des leurs en éclaireurs. Les cinq Kaïm, dont l’un d’entre eux, un Onirim, serait plus tard connu sous le nom de Dévoreur ou de Pazuzu, découvrirent alors le cocon minéral de Rebis, d’où émergeaient des relents de Ka-Lune Noire. Effrayés par l’influence de la Lune Noire, ils persévérèrent pourtant et découvrirent les deux monstruosités qui vivaient dans le cocon gigantesque, transformé en palais par l’être difforme doté de deux têtes et de quatre bras.

La vision qu’ils eurent de Mû et de Rebis les terrifia tant que leurs Pentacles en furent altérés. Leur Ka-Lune se métamorphosa en Ka-Lune Noire et leur psyché en fut transformée. Ainsi, ils devinrent les gardiens de Mû, attendant son réveil impatiemment et prophétisant l’extinction des Kaïm à son réveil. Aujourd’hui, ce groupe nihiliste est connu sous le signe de 666.

La Naissance du Sentier d’Or

Des éons après que les Selenim connus sous le nom de Parques aient fondé leur royaume autour de leur source d’Assouvissement, l’œuf d’Or de Ka-Noun éclata sous la pression de leur insatiable faim et la gigantesque explosion de lumière qui recouvrit la Terre vint frapper de ses éclats les ancêtres des hommes.

Ce fut une nouvelle naissance pour les hommes, mais également pour les Parques. En effet, les Selenim exposés à l’explosion mordorée fusionnèrent en trois entités de Ka-Soleil et de Ka-Lune Noire. Les Parques, marqués par l’explosion monumentale, décidèrent de rester à jamais cachés et de travailler à maintenir l’équilibre entre le Ka-Soleil et le Ka-Lune Noire. Pour cela, les Parques devinrent des experts dans la manipulation des rêves, guidant des émissaires inconscients, souvent des Selenim, grâce à des visions obsédantes, sans jamais se révéler.

Sans se douter des causes de leur naissance à leurs yeux, les Kaïm découvrirent les humains marqués du sceau de l’explosion du cocon de Ka-Noun. Ils s’extasièrent sur la pureté et la puissance de leur Ka-Soleil et aussitôt les jalousèrent car, pour atteindre leur plénitude, pour ne plus faire qu’un avec le cosmos, ils se devaient de contrôler cette énergie qui n’apparaissait pas naturellement dans leurs Pentacles. La réalisation de leur quête mystique, que nous connaissons sous le nom d’Agartha, passait par l’appropriation des énergies du Ka-Soleil, qui pourtant échappait désespérément à leur contrôle.

Alors, en voyant les hommes si puissamment ancrés de Ka-Soleil, ils s’unirent dans une même volonté de comprendre l’énergie du Soleil en créant un lieu artificiel où ils pourraient les observer en toute impunité, les étudier et s’approprier leur pouvoir. Ainsi fut imaginé le Sentier d’Or, voie de recherche des Kaïm destinée à leur apprendre l’origine de la proéminence de l’épine solaire humaine et à la cultiver.

Suivant le courant des Héliades, tracés des Champs magiques du Soleil, au travers des immensités des Akasha potentiels pour trouver le lieu propice à leur installation, ils découvrirent la première pierre de leur réalisation, un pyramidion en lévitation qui deviendrait le centre magique de l’Atlantide.

Posée au sommet de l’Axis Terram, la pierre merveilleuse devint le centre de la fondation d’Atlantys, dont les humains se souviennent parfois sous le nom d’Atlantide. La Pierre Angulaire, phare des Akasha en devenir auprès duquel se rassemblaient les monstres naissants, fut un sujet d’émerveillement pour les premiers humains et de découverte pour les Kaïm qui étudièrent le lien entre le Ka-Soleil et les Akasha. Les vingt Ar-Ka-Na de la Roue Céleste se rassemblèrent autour de la Pierre Angulaire et purent contempler leur œuvre, élevée entre les mains des Bâtisseurs Elémentaires, réunion des Ar-Ka-Na des Jardiniers et des Architectes Elémentaires.

Ainsi, c’est au cœur d’Atlantys, lieu magique parfait, que les Kaïm se lancèrent de nouveau dans la quête de la Sapience, expérimentant le Ka-Soleil des humains et les éveillant peu à peu à la conscience. Néanmoins, certains Kaïm n’apprécièrent pas ces manipulations de l’homme, qui leur rappelaient les expériences impies des Sauriens, les blessures marquantes des Cruxim ou la folie destructrice des Dra-Ka-On. Dégoûtés, sentant Ka-Ia, leur Terre nourricière, insultée, ils s’exilèrent d’Atlantys et travaillèrent à protéger la place de chaque être créé par Ka-Ia. Sous le nom d’Ar-Ka-Na des Custodiens de Ka-Ia et sous la conduite de la très charismatique Lilith, ils firent naître le Jardin d’Eden, où ils tentèrent de rétablir l’ordre altéré par les Kaïm.

Morphée, lui aussi, s’inquiéta du traitement des humains, car ils avaient su toucher son cœur. Depuis la malédiction des Champs magiques par la Lune Noire, les Kaïm étaient devenus incapables de rêver, mais les humains, eux, pouvaient se laisser aller au rêve et ainsi venir visiter le monde imaginaire de Morphée, déambulant dans ses merveilleux couloirs d’albâtre, passant ses arcades d’ivoire et contemplant ses vastes miroirs d’argent où se reflétaient mille et un rêves changeants. Le solitaire habitant de la Lune s’attacha aux humains, mais s’inquiéta bien vite de leur sensibilité aux songes. Il voulut les initier, mais n’eut jamais le temps d’achever son travail.

Del et les Exilés d’Atlantys

Naïade sage entre les sages, Del avait quitté Atlantys, écoeurée par l’orgueil des Kaïm. Elle, dont le Pentacle reflétait si bien la chaleur et la brillance de l’astre du jour, préféra s’exiler par-delà les Lacs-Miroirs de la Sapience avec quelques hommes, pour trouver la paix et l’harmonie loin de la folie de ses frères.

Ce fut l’époque des grands schismes au sein de la Roue Céleste. L’Ar-Ka-Na des Danseurs de la Roue Solaire, qui cherchait à étudier le Ka-Soleil, éclata. Si la plupart voyaient dans le Sentier d’Or une aubaine pour leurs recherches, les plus fiers et arrogants d’entre eux refusèrent de s’abaisser à étudier le Ka-Soleil chez des êtres non-magiques et quittèrent Atlantys.

De même, l’Ar-Ka-Na de l’Ivresse Organide, fondée par Prométhée au crépuscule du Tutorat Elémentaire, s’était passionné pour les êtres de chair et de sang. Les plus orgueilleux d’entre eux quittèrent les rangs de Prométhée et fondèrent leur propre groupe, l’Ar-Ka-Na des Dresseurs, abandonnant le respect de la vie des humains et les éveillant par des traitements indignes et méprisants. 

Enfin, l’Ar-Ka-Na des Titanides Ouraniens, dont les membres étaient persuadés qu’il n’y avait rien à apprendre des hommes, délaissèrent le Sentier d’Or et quittèrent leurs frères Kaïm sans un regard, comme le fit le grand Kaïm Orion, qui ne trouva la paix qu’une fois arrivé sur une terre qui deviendrait l’Australie.

C’est dans cette atmosphère de discorde et d’arrogance que Del s’exila, entouré de neuf Kaïm de haute Sapience, et forma une nouvelle communauté qu’il voulut dévouée au Ka-Soleil et au respect de Ka-Ia. Libérant des humains enfermés dans les prisons atlantes, ils trouvèrent refuge dans la Montagne de la Clairvoyance.

Là, Del pria Ka-Ia, se présentant comme l’enfant du Soleil et lui demandant de créer un sanctuaire pour les siens, Kaïm comme humains. Alors, Ka-Ia, en accord avec la Musique des Sphères, lui fit don de jardins merveilleux dédiés au Soleil, et jamais plus les humains qui en bénéficièrent ne purent oublier le don de « Phu-Amari Dé », la Terre nourricière des Bohémiens. Alors, dans ce lieu de paix, Del prit le nom de Démiurge et commença à initier les hommes à la magie.

La Naissance du Boheim

Del travailla tant à préserver les humains qu’il avait sorti des geôles des Kaïm qu’il créa le Boheim, un rêve magique qui se confondit avec l’âme des hommes et les berça dans une ambiance propice à l’illumination. Apprenant au contact des hommes, Del comprit que l’union charnelle et sensuelle des humains avaient une importance cruciale dans la découverte des énergies, mais il ne parvenait pas à comprendre la nature du désir humain, comme les autres Kaïm. Pourtant, il s’agissait d’une étape essentielle dans la libération de l’énergie solaire des hommes.

Ravis, Del et ses confrères Kaïm découvrirent bientôt un certain attachement entre deux humains, Rom et Romni. Ils les guidèrent sur les chemins de leurs désirs jusqu’à ce qu’ils s’unissent sous l’Arbre de Sara, au centre des jardins du Boheim. Là, le couple se transforma en un déchaînement de passion solaire, de soif de liberté, de rêves et de désir de création. Rom et Romni devinrent à ce jour, non seulement des symboles, mais entrèrent également dans le vocabulaire énochéen pour représenter l’Elu et l’Elue.

L’effet fut encore plus grand que Del ne l’avait imaginé : l’Art, dans toute sa féerie, fut libéré sur le monde, embrasant le cœur des hommes, les éveillant à l’amour et à la passion. Le Démiurge, fier des deux humains unis sous l’Arbre de Sara, vit le jardin d’Eden fleurir comme jamais alors qu’une énergie nouvelle se déversait dans toutes les créatures vivantes. Del comprit que, si les Kaïm pouvaient communier avec les éléments, le Peuple du Boheim, lui, était destiné à s’unir spirituellement avec la vie sous toutes ses formes : l’Illumination Solaire était possible, l’Art en était la clé. Devenant les ardents défenseurs de cette clé spirituelle, Del et les neuf Kaïm devinrent plus connus sous le nom de Muses, protecteurs des illuminés de l’Art.

Mais Del, grâce à un cadeau de Ka-Ia, avait hérité d’un pouvoir de prescience, et il sentit, à la périphérie de ses visions, qu’un jour viendrait l’Artiste Solaire, un être qui viendrait et libérerait les hommes en leur donnant la clé de leur plein potentiel magique. Prométhée, également prescient, perçut un sentiment similaire et sourit : l’action de Del était une aubaine qu’il saisirait pour rendre la liberté aux humains.

Au-delà des conséquences magiques de la dissémination de l’énergie du Boheim parmi les hommes, l’accouplement de Rom et Romni donna naissance à une fille, Tin-Hinan, dont la destinée serait encore supérieure à celle de ses parents.

La Naissance de Ram

En Atlantys, les observations des Kaïm les menèrent à la même conclusion que Del et l’accouplement devint un acte essentiel pour la compréhension du potentiel solaire des humains. Mais, dans leur arrogance et leur fièvre de trouver le chemin de l’élévation cosmique, les Kaïm ne surent voir la nécessité de l’attachement spirituel et sensuel des humains, ni l’imprudence à mêler leurs pouvoirs aux rites de la Nature. Au contraire, ils décidèrent de tenter la première fusion de l’un d’entre eux, le plus sage et le plus puissant, avec un humain.

Pour cela, ils créèrent un monstre, l’Androgyne, faisant fusionner par magie deux humains s’accouplant, créant une ignoble créature bafouant les lois cosmiques. Mais les Kaïm, dans leur fierté, n’y virent là qu’une expérience supplémentaire et non un dernier avertissement avant d’être frappés de plein fouet par les conséquences de leurs actes. Vint le moment de l’incarnation. Pour favoriser l’éclosion du Ka-Soleil, ils attendirent que l’astre solaire soit au plus proche d’Atlantys, puis le Kaïm désigné essaya de s’incarner dans la construction hurlante de l’Androgyne, cherchant à s’emparer de l’œuf Primordial logé dans le ventre tordu de douleur. Il suffisait de s’emparer de l’étincelle de Ka-Soleil contenue dans l’œuf originel pour combler son Pentacle élémentaire et lui donner accès à une nouvelle dimension du monde.

L’œuf Primordial éclata en une déflagration telle que le Kaïm fondit sous l’impact, dissous en ses cinq éléments qui flottèrent un instant dans les Champs magiques avant d’être englouti par l’enfant de l’Androgyne, qui sortit du ventre du monstre en le séparant en deux corps déformés par la douleur. Ram venait de naître. Les Kaïm comprirent qu’ils venaient de créer la plus horrible des créatures du monde, et peut-être leur propre fin : Ram n’était qu’une immense ouverture vers les Champs magiques du Soleil, réceptacle sans fin qui, comme un trou noir, allait tout aspirer des énergies des Kaïm.

Ram, en proie tout d’abord à des milliers de douleurs, conséquences de son enfantement difficile, subit alors l’Illumination Cosmique et son esprit perçut son devenir : il allait incarner la Coupe Cosmique, le réceptacle de toutes les énergies vivantes de la Terre. Il acquit aussitôt la connaissance du futur des humains, des lignes de force de l’univers et de l’Iz. Il était devenu l’Être-Dieu de la Terre, dont le Ka-Soleil éclata en Rose, dont chaque pétale devint la représentation de ses révélations cosmiques. Une couronne d’énergie, la Rose Solaire, l’auréola et le mit en accord pour l’éternité avec les Ethers de l’univers.

Les Kaïm, terrifiés par ce qu’ils venaient de créer, réagirent promptement. Ne pouvant le tuer, car il pensaient pouvoir sauver le Kaïm englouti par Ram, ils décidèrent de le mettre en stase. Ils bâtirent alors une grande construction magique où ils enfermèrent Ram et l’y maintinrent dans un état léthargique grâce à de puissants et complexes artefacts. Mais Ram, plongé en catalepsie, laissa alors son esprit voyager librement dans les terres infinies du rêve.

Il apprit la patience dans ces longues errances et compléta ainsi ses connaissances sur la construction cosmique et les Champs magiques. Soulevant le voile de la réalité, il découvrit le Bloc Adamantique de la Vérité Cosmique qu’il gravit sous sa forme spirituelle et onirique. Ce fut l’épreuve la plus ardue de son existence, au-delà même des douleurs de sa naissance, mais, lorsqu’il atteignit le sommet de la compréhension de l’univers, il devint le Premier Homme et contempla le destin de l’humanité toute entière. C’est à ce moment qu’il comprit que son existence devait être vouée à libérer les hommes des griffes des Kaïm et les mener sur le chemin de l’Evolution Cosmique. Dans la course à l’évolution, Ram, l’Esprit-Dieu de la Terre, se devait de choisir son camp, et il renia les Kaïm pour adopter le parti des humains brimés.

Mais, pour les aider, il devait se défaire des artefacts qui le maintenaient en état de stase, comme des barreaux d’une prison d’immobilité. Alors, il laissa son esprit errer et s’immiscer dans la magie élémentaire des artefacts, levant un à un chacun de leurs effets, avec patience et prudence.

Les Etoiles d’Atlantys

La Pierre Angulaire trônait au sommet d’Atlantys, restant un mystère pour les Kaïm. Autour de ce pyramidion, un maelström d’essences magiques illuminait la Cité Merveilleuse, ses recherches les plus folles sur le Ka-Soleil et les intrigues millénaires qui agitaient les Kaïm. Mais la Pierre Angulaire fut non seulement la source des interrogations des Kaïm, mais aussi la matrice des Chimères, habitants des Akasha, qui émergèrent du maelström de Ka tournoyant autour de la forme pyramidale.

La première des Chimères ne vécut qu’un instant, à peine perçue par les Kaïm. He-Ba, « Celle qui crée la vie » en énochéen, allait accoucher de treize enfants et les douleurs qui la terrassaient la faisaient hurler, à tel point que le maelström en fut bouleversé. Répondant aux cris, la Chimère s’incarna temporairement en elle, connaissant les douleurs de l’enfantement et gagnant l’accès aux psychés des treize enfants. Chacun d’eux portait en lui des principes fondamentaux, et la Chimère créa un quatorzième enfant, synthèse des premiers.

L’accouchement fut dur, mais il donna naissance à une nouvelle race d’enfants, les Etoiles, les premiers Ar-Kaïm nés avant la Révélation, vivant chacun dans leur propre Akasha.

Hamal fut l’Etoile du Bélier, Aldebaran l’Etoile du Taureau, Castor et Pollux les Etoiles du Gémeau, Acubens l’Etoile du Cancer, Régulus l’Etoile du Lion, Spica l’Etoile de la Vierge, Zubenel-Genubi l’Etoile de la Balance, Rukbat l’Etoile du Sagitaire, Algedi l’Etoile du Capricorne, Sadalmelik l’Etoile du Verseau et Alrecha l’Etoile du Poisson. Le quatorzième enfant de He-Ba, Albarach, fut rejeté dès son enfance par ses frères et sœurs, mais leur mère fit en sorte que l’influence néfaste des Kaïm ne pèse pas sur eux. L’animosité de ses frères et les mises en garde de sa mère poussèrent Albarach à quitter les Akasha pour vivre parmi les hommes.

La Voie du Ka-Thet

Le don déposé par la première Chimère s’éveilla en Albarach lorsqu’il se mêla aux hommes. Grâce à son charisme incroyable, il réunit autour de lui des adorateurs humains et Kaïm. Contestataire, il devint une légende, un insoumis qui professait contre l’influence de la puissante Ar-Ka-Na des Archontes de l’Aube, qui dominaient Atlantys d’une main de fer, et il en devint même plus dangereux que le récalcitrant Prométhée.

Albarach prêchait une union des hommes et des Kaïm dans l’harmonie de l’égalité, en se débarrassant de l’omnipotence des Archontes de l’Aube et de ceux qui croyaient en la supériorité des Pentacles élémentaires sur les êtres de Ka-Soleil. Il inventa la concept de l’Atlante hors du Sentier d’Or, un être capable d’accepter les différences de l’autre pour progresser dans son accomplissement personnel. Comme l’avait professé Prométhée, il enseignait que les Kaïm n’étaient pas supérieurs aux humains, et il attirait de nombreux membres de l’Ar-Ka-Na de l’Ivresse Organide lors de ses réunions secrètes.

Les discours enflammés d’Albarach se muèrent en une voie occulte qui prit la forme d’une Ar-Ka-Na nouvelle, mais secrète : il créa le Ka-Thet, ou « Alliance des Ka » en énochéen. Les membres secrets de son organisation prêtèrent des Serments-Ka, se liant les uns aux autres autour d’un objet symbolique. Au cours de ces rites, sept alliances furent constituées, et les découvertes furent merveilleuses : les frères de Ka purent communiquer entre eux par télépathie, unir leurs forces pour soulever des monolithes qu’on disait trop lourds, partager leurs blessures pour éviter la mort…

Les objets symboliques eux-mêmes acquirent pouvoirs et conscience. Cette conscience, qu’on nomme Atlantéïde, s’éveilla et fut cultivée par les esprits unis des adeptes du Ka-Thet.

La Voie du Ka-Thet commença à miner Atlantys, Albarach cultivant le ressentiment envers les Archontes de l’Aube corrompus et le rejet du Sentier d’Or. Mais la fin d’Albarach ne vint pas des Kaïm, mais de ses frères Ar-Kaïm.

Zubenel-Genubi, l’Etoile de la Balance, connaissait l’équilibre et la justice cosmique, et l’émergence de la Voie du Ka-Thet lui sembla un risque bien trop grand pour la Terre. Tentant de voir au-delà des alliances fraternelles, il ne perçut que des guerres éternelles entre hommes et Kaïm. Il n’y avait dès lors plus qu’une chose à faire, selon lui : fermer la Voie du Ka-Thet.

Les Etoiles se réunirent un jour, sous la volonté d’Albarach qui désirait leur annoncer la création de la Voie des Atlantéïdes ou Voie du Ka-Thet. Il n’en eut pas le temps, car Zubenel-Genubi le tua avant qu’il n’ait pu avouer quoi que ce soit, sous les regards complices ou immobiles de ses frères et sœurs. Les rares Etoiles favorables à cette voie devinrent donc les complices inactifs de l’assassinat d’Albarach. Voyant sa tâche achevée avec la mort de son frère, Zubenel-Genubi décida qu’il venait de rétablir l’équilibre cosmique et se retira.

Privés de guide, les sept Ka-Thet fuirent Atlantys, laissant les Archontes de l’Aube au pouvoir et désormais incontestés.

Les Jardins de Prométhée

Le maître de l’Ar-Ka-Na de l’Ivresse Organide, Prométhée, avait fui Atlantys très tôt et, à l’instar de Del, avait lui aussi élevé un magnifique jardin, à Madagascar. Là, il éveillait les humains à la conscience, selon ses idéaux, et forgeait dans les différents Ka-éléments des formes végétales étranges, en quête de perfection.

Ce fut lors d’une de ses quêtes fabuleuses qu’Atalanta passa par Madagascar et y trouva le jardin si merveilleux qu’elle y prit un peu de repos. Elle rencontra alors Prométhée et, au premier regard, ils se plurent et se comprirent. Comme la Lune et le Soleil réunis en un seul lieu, les deux Kaïm profitèrent du merveilleux jardin et se retirèrent du monde pour connaître la première Fulgurance amoureuse.

Atalanta était prête à abandonner son errance éternelle pour vivre auprès de Prométhée, mais celui-ci restait trop préoccupé par la tâche qui l’attendait : guider les hommes vers la liberté. Peu à peu, il comprit qu’il devrait choisir entre Atalanta et sa destinée. Alors, la mort dans l’âme, il la quitta un matin. Il était sûr d’avoir fait le bon choix, d’avoir été juste en choisissant l’humanité et non le bonheur de sa seule personne, mais cette certitude resta amère. Il se lança éperdument dans son œuvre, tentant d’oublier Atalanta, en vain.

La belle fille de la Lune refusa de pleurer en se découvrant abandonnée par son amant, et se promit de ne plus jamais ressentir la tristesse. Elle aussi se forgea une âme de fer et préféra se lancer dans ses quêtes éperdues pour ne plus penser à Prométhée. C’est alors qu’une résolution naquit dans son esprit empli de connaissances astrologiques et magiques. Faisant table rase de son amour, elle distingua un motif dans ses errances, trouvant un sens à ses déplacements passés, comme si son inconscient l’avait guidé sur le chemin de son but final : l’Axis Mundi.

Les Voyages d’Atalanta

Atalanta, ayant fait le deuil de son amour, repartit au gré du tissage mystique des Champs magiques, recherchant l’Axis Mundi qui l’attendait à l’issue de ses longues errances. Ceux qui la rencontrèrent tombèrent sous son charme, gardant d’elle le souvenir fugitif d’une irrésistible beauté argentée à la fraîcheur inaltérable et à la grâce onirique. Elle ne s’arrêta qu’une fois, pour faire la connaissance de Moor, sa première disciple, à qui elle enseigna les voies de l’Harmonia Mundi. Mais, rattrapée par le chagrin, elle reprit très vite sa course, jusqu’à atteindre l’Axis Mundi, pôle magique de l’univers.

Là, Atalanta rencontra Ka-Lidon, la « Barrière Tranchante des Cinq Ivoires » en énochéen, gardien de l’Axis Mundi. Elle le terrassa, sans pour autant le tuer, et s’en fit un puissant et fidèle allié. Elle aurait pu s’approprier les connaissances de l’univers et de l’Harmonia Mundi, mais elle réalisa le danger qu’il pouvait y avoir à laisser ce pôle magique à la portée des Kaïm aux volontés si changeantes. Alors, laissant à Ka-Lidon le rôle de protéger physiquement l’Axis Mundi, elle repartit et entreprit de dissimuler les traces de son passage.

Emplie d’une énergie nouvelle, Atalanta reprit sa course, altérant le cours des Champs magiques pour recouvrir les signes de son passage et le repaire de l’Axis Mundi. Effaçant ses traces une à une, elle devint un mythe, connu sous le nom de la Fugitive. Son nom, Atalanta, fut assurément à l’origine du baptême du continent des Kaïm, qui prit le nom d’Atlantide.

Cependant, Atalanta comprit qu’elle devait laisser une chance à quelques élus de percer le mystère de l’Axis Mundi, et laissa quelques rares indices, inventant la Poursuite, un processus en sept étapes qui permettrait aux plus sages de comprendre les concepts de l’Harmonia Mundi. Mais le tracé d’Atalanta fut bouleversé par la destinée tragique des Kaïm.

La Rébellion de Prométhée

Prométhée, de son côté, regrettait Atalante, mais son devoir auprès des humains, dont il avait pris la forme symbolique, était plus important que son amour. Il retourna souvent en Atlantys pour attiser les oppositions nées des discours enflammés d’Albarach et observa son frère, Epiméthée, qui brillait au service des Archontes de l’Aube. Ce constat le remplissait d’amertume, mais il se consolait en voyant les rangs des contestataires grandir à mesure que les Archontes de l’Aube tentaient de resserrer leur étreinte.

Epiméthée, lui, impressionnait ses pairs par sa rectitude et sa fidélité envers le Sentier d’Or, dont il avait été l’un des architectes. Fin dans ses réflexions, habile politicien, il paraissait immanquablement destiné à prendre en main des responsabilités importantes et à montrer la voie à ses frères Kaïm. Les deux frères étaient totalement opposés : Prométhée était fort et actif comme Epiméthée était sage et spirituel. Tous deux, à force de persévérer dans leurs voies opposées, finirent par comprendre tout le potentiel de leur Ombilic Solaire.

Le premier à l’utiliser fut, selon ce que l’on dit, Prométhée qui, découvrant les horreurs provoqués par l’Ar-Ka-Na des Dresseurs au service du pouvoir en Atlantys, fut envahi par une rage telle qu’il en aurait appelé aux énergies cosmiques et à l’Iz pour décrocher le cocon de Saturne de son orbite, propulsant le météore d’orichalque vers l’objet de sa colère, Atlantys. Cette rumeur, bien que connue, reste encore aujourd’hui à prouver.

Ce qui est sûr, c’est que Prométhée se dévoila aux humains, leur montrant sa véritable nature élémentaire, piétinant le premier commandement atlante. Il commença l’initiation des humains à l’intérieur même d’Atlantys. Après neuf ans d’efforts, Prométhée décida qu’il était temps de prendre les armes et déroba des artefacts de l’Ar-Ka-Na des Maîtres Pragmatides, qui, suspectés d’être alliés aux rebelles par le pouvoir en place, préférèrent rejoindre Prométhée ou fuirent dans les îles de la Mer Egée.

L’Ar-Ka-Na de la Nitescence Opaline voulut avertir les Archontes de l’Aube des dangers de l’utilisation abusive du Ka-Soleil, et l’un des plus puissants émissaires de l’Ar-Ka-Na, Circé, s’aperçut trop tard de la sinistre réalité : les humains, éveillés et armés par Prométhée, étaient déjà trop forts. Les Kaïm, trop heureux de voir le Ka-Soleil s’épanouir chez les humains, en avaient négligé la naissance de leur désir de liberté. La révolte grondait et une nouvelle étoile apparut dans le ciel, deux lunes avant l’explosion des haines.

Orichalka

Lorsque l’étoile apparut dans le ciel, personne ne s’inquiéta. Mais lorsqu’elle grossit, les Kaïm l’observèrent et connurent alors la peur : un météore chargé d’un élément inconnu se dirigeait droit vers Atlantys, menaçant de rayer la Cité Merveilleuse du monde et de bouleverser la Terre toute entière. Profitant de la terreur générale, Prométhée arracha les grilles des prisons des humains avec les siens et lança la révolte.

Epiméthée, sentant l’imminence d’un bouleversement sans précédent, éleva son esprit grâce à l’Ombilic Solaire et sentit la Chute irrémédiable d’Atlantys. Ceux qui pensent que Prométhée fut l’artisan de la venue du météore racontent qu’il trouva dans l’Iz les traces des appels vengeurs de son frère et qu’il comprit alors que Prométhée avait commis l’irréparable.

Préoccupés par leur survie face à la révolte humaine, les Kaïm tentèrent de faire front face aux humains, mais il était trop tard. Le météore d’orichalque traversa les cieux et frappa de plein fouet Atlantys, renversant la Pierre Angulaire et se fragmentant pour recouvrir la Terre de ses miasmes. Le pyramidion, base flottante d’Atlantys, fut jetée au sol et les Akasha furent dès lors livrés à eux-mêmes dans une dérive éternelle.

L’Axis Terram lui-même en fut balayé et les Champs magiques furent altérés par l’arrivée de l’orichalque sur Terre. Les Kaïm, blessés par le nouvel élément, privés de leurs liens avec la magie, devinrent des proies de choix pour les humains moins vulnérables. Le massacre commença, alors que l’antique Sapience des Kaïm disparaissait dans les Champs magiques perturbés. Les Fils des Ethers venaient de connaître à leur tour la chute de leur civilisation. Ils étaient devenus des Déchus, des Nephilim.

La Pierre Angulaire et l’Hadès

La Pierre Angulaire, devenue un objet de révérence et de légendes chez les Kaïm et les humains, avait acquis une forme d’existence dans l’Eidos, la Sphère des Idées. Dénuée de volonté, mais capable de pensée, elle avait commencé une longue introspection et était devenu un symbole universel. Errant dans les méandres solaires, rythmant le flux et le reflux des idées qui y plongeaient, elle régnait sur des cristallisation de concepts universels, les Mêmes. Mais il était rare que les pensées d’un être vivant soient assez profondes pour l’approcher et entrer en résonance avec sa prime essence.

Lorsque la météorite fracassa la Pierre Angulaire, les Kaïm les plus proches du centre d’Atlantys connurent une révélation du futur : un jour viendrait un être parfait, et il serait l’architecte de l’évolution des Nephilim, qui n’était qu’un peuple en devenir. Marqués à vie par ces visions fragmentaires, ils se sentirent investis du devoir de créer cet être supérieur. Ils devinrent les Ben-Gess-Rith, dont Merlin devint un membre éminent, sans succomber par la suite à l’attrait du message des agents du Denier.

Un autre Kaïm fut touché par la chute de la Pierre Angulaire. Peut-être avait-il quelque chose de spécial ou était-il plus proche que les autres du pyramidion. Quoi qu’il en soit, il disparut avec lui et suivit son exil dans l’Eidos. Alors que les Kaïm subissaient la Chute, lui atteignit l’Agartha, la plénitude de la pensée, la connaissance immaculée de la pensée du passé, du présent et du futur. Puis, rejeté dans un corps d’homme, privé de métamorphes, il devint une légende sous le nom du Sphinx, du Septième Couronné du Monde ou de Duc de Saint-Amand.

Pour les autres Kaïm, la fin fut terrible. Le continent atlante se brisa comme une vitre et la mer originelle engloutit tout sous des flots gigantesques. Le monde des Kaïm disparut dans ce bouillonnement des flots. La Terre, encore jeune, accueillit le météore d’orichalque en son sein. Il fora la croûte terrestre, créant un gigantesque cratère qui fut bouché par les éboulements et les eaux en furie. Le choc du météore provoqua tant de vibrations magiques que les multiples séismes forgèrent un monde souterrain torturé, l’Hadès, « Perdal I Paya » en Bohémien, dont jaillir cinq fleuves qui alimentèrent les eaux du monde et provoquèrent une montée des eaux sans précédent.

Les vibrations magiques de l’orichalque empoisonnèrent les Champs magiques souterrains, donnant naissance à des créatures que les Titans et leurs disciples baptiseront Daimon. En quelques heures, l’œuf mortel de Saturne avait corrompu la création de la Musique des Sphères, avait balafré Ka-Ia et avait bouleversé le monde à jamais. Les Nephilim assistèrent à la mort de leur monde.

Les Héritiers de l’Antique Sapience

Alors que les flots de l’Hadès, charriés sur la surface du Graal Primordial par la puissance d’impact de l’œuf maudit de Saturne, recouvraient les ruines de l’Atlantide, le satyre Noé fit vœu de sauver ce qu’il pouvait du Sentier d’Or qui avait dominé sa vie. Avec quelques Kaïm déchus par les blessures de l’orichalque, il construisit une arche où il tassa ce qu’il put d’humains et d’animaux et il partit pour le lointain, priant pour que Ka-ïa cesse sa vindicte et ses pleurs.

L’arche salvatrice vola pendant des jours et des jours, entre les pluies torrentielles et les vagues titanesques d’une Terre blessée. En chemin, Noé sauva un enfant des eaux, l’un des enfants perdus de Tin Hinan, fille de Rom et Romni. Il le nomma Cham et le considéra comme son fils, au même titre que Sem et Japhet, ses deux autres enfants. Lorsque Ka-ïa eut calmé ses haines et ses flots, Noé guida l’arche jusqu’à une île, où il établit un village et un vignoble. Puis il rédigea ses mémoires en guise de témoignage pour les générations futures, sans savoir lequel de ses enfants en serait l’héritier.

Au loin, vers l’orient, le souffle de l’explosion d’orichalque fut un choc pour les Kaïm de l’est et ceux qui avaient pris le nom de Malodred. Le dragon Kunlun, endormi au fond du Fleuve Jaune, fut blessé par l’altération des champs magiques et son souffle en fut corrompu.

Les Malodred ne trouvèrent leur salut qu’en sublimant leurs pentacles, échangeant leur Ka-Air et leur Ka-Lune contre un Ka-Bois et un Ka-Métal. Ils devinrent des êtres différents, qui se baptisèrent Shen, et montrèrent dès lors un profond mépris pour les Kaïm d’occident, responsables de l’altération de leur bienfaiteur endormi sous les flots du Fleuve Jaune.

La violence du choc d’Orichalka brisa les derniers liens d’Esméralda, l’Ondine Aveugle, avec son cocon et sa cécité se dissipa d’un coup, lui offrant un paysage de ruines, de mort et de destruction. On lui avait chanté la beauté des champs magiques, la magnificence d’Atlantys et les merveilles de la Pierre Angulaire, mais ce qu’elle découvrit n’était que poussière et gravats. Désespérée, elle erra parmi les ruines de la civilisation des Kaïm, ses yeux d’émeraude pleurant les délices d’un temps qu’ils n’avaient jamais pu contempler.

L’Homme Universel

La chute d’Orichalka fut comme une profonde blessure pour Ram, bien qu’il ne fut qu’un humain aux extraordinaires pouvoirs. En effet, si son humanité ne souffrit pas du métal de Saturne, les éléments du Kaïm dissocié en lui ressentirent la froide morsure de l’orichalque. La souffrance était telle que Ram avança ses projets d’évasion de sa prison atlante. Il décida de sacrifier son Ka-Lune à la Lune noire pour sauver ses autres Ka-éléments. La composition particulière du pentacle de Ram, qui ne lui appartenait pas véritablement, donna naissance à l’indépendance de son Ka-Lune corrompu. Celui-ci devint une créature magique unique et indépendante qui prit le nom d’Eth. Alors que cette étrange manifestation d’un Ka-élément matérialisé et doté de pensée s’attaquait aux artefacts des Kaïm qui le retenaient jadis prisonnier, Ram émergea de sa cellule et laissa la toute-puissance de son Ka-Soleil se manifester dans sa Rose solaire aux épines de Lune noire. La Rose éclot en une Croix cosmique, chaque branche appartenant à l’un de ses Ka-éléments, qui s’incarnèrent et devinrent ses serviteurs, les Supérieures Invisibles.

Ensemble, ils contemplèrent la Chute et l’effondrement du joug des Kaïm sur les humains. Parmi ces derniers, Ram partit en quête des plus prometteurs, ceux qui le suivraient dans l’ascension de l’humanité vers les énergies cosmiques et l’avenir. Il devint l’Homme Universel, manifestation de la future perfection humaine et de la maîtrise totale du Ka-Soleil. Ram était devenu le seigneur secret de l’évolution cosmique promise à l’humanité.

Le Destin des Bohémiens : le Bheng

Prévenu par les douloureuses visions de Tin-Hinan, l’aînée de Rom et Romni, Del avait emmené ses protégés loin d’Atlantys avant que la sentence de l’Iz ne frappe les Kaïm. Le Peuple du Boheim ne s’arrêta qu’une fois dans la vallée de l’Indus, éreintés, mais ils étaient encore trop prêts d’Orichalka. La fureur de l’onde de choc les frappa tout de même, et nombre d’humains moururent. Le Bheng, l’onde de choc, fut fatale notamment à Rom et Romni, qui ne virent jamais la Chute.

Leurs blessures pansées et leurs pertes saluées, les survivants revinrent avec Del vers Atlantys pour porter secours aux blessés et contempler l’étendue des dégâts. Ils ne trouvèrent plus le monde qu’ils avaient connu, ni les hommes, qui, aveuglés par la haine, avaient abandonné le Boheim. Sans patrie, sans liens avec les autres hommes, ils devinrent les Eternels Errants, que l’on nomme aujourd’hui les Bohémiens.

Incapables de revenir parmi les hommes fous de rage, ils partirent en quête d’un nouveau sanctuaire, ressemblant aux Jardins de Phu Amari-Dé, leur patrie d’antan. Del, lui, les laissa chercher par eux-mêmes et, lui qui avait aidé autrefois les hommes, tenta de sauver également ses frères Nephilim en leur offrant un monde meilleur. Il monta vers le nord, alors que Tin-Hinan partait pour l’est, vers l’Empire des Shen, et que Zoraya, sa sœur, emmenait d’autres Bohémiens vers les ruines des Jardins d’Eden.

Les Poursuivants d’Atalanta

Alors qu’elle effaçait les traces de ses voyages séculaires vers l’Axis Mundi, Atalanta ressentit sévèrement l’impact d’Orichalka, qui la désorienta un instant. Mais cette brusque confusion et cette douleur intime ne furent qu’infimes face aux élancements qui terrassèrent Kalidon, gardien de l’Axis Mundi. Il prit de plein fouet les conséquences chaotiques de la vague d’orichalque et perdit le sens de la réalité. Il n’eut plus dès lors qu’un seul désir : traquer et tuer Atalanta, qui avait été la seule à le vaincre. Il s’élança donc à sa poursuite, renversant tout sur son passage, et, terrifiée par une telle rage, Atalanta prit la fuite, sans pour autant délaisser sa tâche.

Elle n’eut dès lors plus un instant de repos, Kalidon devenant peu à peu son ombre terrifiante. Néanmoins, elle rencontra quelques Nephilim du Glorieux Alliage, qui gardèrent d’elle le souvenir fugace d’une traîne de sapience et d’une passion qu’on nomme aujourd’hui la Fulgurance. Rares furent ceux qui se lancèrent à sa suite, nostalgiques d’une telle extase, et ils constituèrent les Poursuivants. Dix d’entre eux devinrent les grands prêtres d’Atalanta, lui adjoignant une symbolique et tentant de la libérer de la traque insensée de Kalidon. D’autres tentèrent bien de capturer Atalanta en tendant des pièges, mais ils furent éparpillés par l’effet-dragon terrifiant qui chassait Atalanta, Kalidon, tornade de vents magiques et de lames acérées qui terrassa les voleurs de sapience les plus téméraires.

Les Dix Poursuivants, se souvenant de la passion d’Atalanta au temps jadis pour les jardins de Prométhée, décidèrent de lui élever un sanctuaire végétal. Ils en oublièrent leur ancienne passion pour le Sentier d’Or et se jetèrent à corps perdu dans l’édification du Jardin des Hespérides au cœur du Sahara. Mais ils durent se disperser face aux assauts des suivants de Prométhée, armés d’orichalque, et les jardins du Sahara furent abandonnés. Mais les espoirs restaient entiers.

Les Enseignements de Prométhée

Des flots en furie de Ka-ïa meurtrie, la Barque d’Isis atteignit les côtes des terres non immergées et s’ouvrit pour laisser la place à Prométhée, qui éclaira de toute sa puissance les hommes et les Nephilim qui étaient restés fidèles et qui l’avaient aidé dans la révolte. Il choisit cinq Déchus pour enseigner aux hommes, cinq fidèles d’entre les fidèles, comme les cinq doigts de la main, qui devinrent les Porteurs de la Flamme de Prométhée, ou Titans.

Ces cinq Titans prirent la route et rallièrent à eux les Nephilim favorables à Prométhée et les humains qui se souvenaient du soutien inconditionnel apporté par lui. Les humains furent formés aux rites et aux sciences des Nephilim par les Titans, à partir des ruines de l’Atlantide et des traces mystiques laissées par Prométhée dans son voyage de missionnaire. Les cinq Titans offrirent aux hommes les artefacts anciens qui gisaient encore ça et là, éparpillés par la violence de l’explosion de l’Atlantide. Ces hommes devinrent les Orchka ou Glaives Prométhéens, lorsqu’ils furent armés des glaives d’orichalque forgés par les Maîtres Pragmatides. Les treize lames originelles passèrent de génération en génération d’humain, acquérant toujours plus de réputation et causant la peur chez les Nephilim. Ainsi en fut-il d’Excalibur, de Durandal, de la Lance de Longinus, de la Flèche qui tua Achille ou de Balmung, la lame de Siegfried, qui repose dans le tombeau de Rurik sous Saint-Pétersbourg.

Puis, lorsqu’ils les trouvèrent aptes, les Titans se retirèrent et laissèrent les Mystes, leurs disciples humains, s’initier entre eux et dévoiler eux-mêmes les mystères du monde. Ils établirent la Loi de l’Epée, qui enseigne la parole sacrée de Prométhée et le combat contre les Nephilim qui ont refusé de s’avouer vaincu face aux ravages d’Orichalka, que les Mystes nomment le Sceau de Kronos. Et les Mystes assaillirent encore et encore les Déchus, en accord avec les enseignements de Prométhée et de ses Titans.

D’Epiméthée à Akhénaton

Rescapé de la destruction de l’Atlantide, Epiméthée débarqua sur des mers enragées pour tomber entre les griffes des Orchka de Prométhée. Le premier d’entre eux fut Akhénaton, Horizon du Disque Solaire en énochéen, et il blessa Epiméthée à tel point que celui-ci n’eut d’autre choix que de s’incarner en lui. C’est alors qu’il s’aperçut qu’Akhénaton n’était pas un homme comme les autres.

Durant le Sentier d’Or, Akhénaton avait été formé aux Ethers, et c’est pour cette raison que Prométhée l’avait choisi pour être le premier de ses suivants. Il l’avait lui-même oint d’orichalque, formant une résille sombre autour de son Ka-Soleil, le transformant en être Ka-Lo. Mais l’introduction du pentacle d’Epiméthée dans la structure Ka-Lo d’Akhénaton donna naissance à la plus parfaite forme d’existence : le Prisme. Epiméthée devint Akhénaton, l’être aux Ka réunis, associant les cinq Ka-éléments originels, le Ka-Lune noire, le Ka-Soleil et l’Orichalque. En un instant, il devint l’incarnation vivante du Graal Primordial, de Ka-ïa et de ses enfants, un phare de Ka.

Cette révélation le figea pendant 99 jours et 99 nuits dans une immobilité totale, comme une pierre dressée sur les Terres du Dragon. Epiméthée fusionna complètement avec son simulacre et, lorsque son troisième œil s’ouvrit, il n’était plus qu’Akhénaton, l’incarnation du Prisme.

De loin, un jeune orphelin humain, Raklo, assista au réveil d’Akhénaton et, émerveillé par le spectacle, suivit la voie mystique laissée derrière lui par l’Être Parfait, sans jamais pouvoir le rattraper.

Les Explorateurs des deux Pôles

Lorsque les Poursuivants d’Atalanta durent abandonner les jardins des Hespérides pour fuir les Glaives Prométhéens, ils confièrent à Donimo les fruits magiques de ces jardins, les Pommes d’Or. Puis, les compagnons menacés firent vœu de continuer leur recherche d’un sanctuaire idéal pour la Fugitive. Donimo et les siens décidèrent de partir vers le nord, alors que les autres continuèrent vers le sud.

Donimo partit seul, poursuivi par les humains, alors que ses frères tentaient de faire diversion. Les Pommes d’Or contenaient une sapience qu’il convenait de tenir à l’écart des humains aux ordres de Prométhée. Il parvint à atteindre les terres gelées du nord, mais suivit de près par des Glaives Prométhéens. Cédant à la peur et à la lâcheté, il planta un des fruits magiques pour appeler Atalanta à son aide, et surtout le terrifiant Kalidon, son ombre éternelle. Mais Kalidon ne dispersa pas les humains : il s’empara des Pommes d’Or alors que Donimo succombait à la fulgurance d’Atalanta. Hébété, quasi-agonisant de tant de sapience, il ne s’aperçut même pas que le monstre emportait avec lui les fruits si convoités.

Les humains qui assistèrent à ce passage fugitif d’Atalanta dans un jardin de Ka-Soleil soudainement apparu en furent à jamais changés. Ils chassèrent tout de même Donimo et s’installèrent dans ces étranges jardins, où vinrent les rejoindre les anciens compagnons de Donimo. Ceux-ci ne comprirent jamais le départ de Donimo et furent convaincus de la puissance des humains, qui avaient survécu au passage de Kalidon. Ils fondirent donc ensemble une nouvelle communauté, sorte de nouveau Sentier d’Or assumé par tous, dont les enseignements se dispersèrent dans le nord sous le nom d’enseignement des Initiés du Soleil Caché.

Les Poursuivants de la Fugitive partis vers le sud connurent d’autres déboires. Nouveaux découvreurs, gorgés de fierté et d’excitation à l’idée d’élever une nouvelle Atlantide, ils débarquèrent fiévreux de leurs navires en Antarctique et commencèrent à y élever un nouveau palais merveilleux. Pour preuve de leur renoncement au passé et de leur nouveau départ, ils coulèrent leurs navires avec des cris de joie et d’espoir. Mais ils n’avaient pas encore pris conscience des limites physiques de leurs simulacres. Leurs tentatives sporadiques pour établir une atmosphère vivable en ces lieux furent brisées par les fluctuations magiques majeures du pôle sud.

Peu à peu, les simulacres succombèrent au froid et à la fatigue, et les Nephilim réintégrèrent leurs stases, cachées dans la glace, à l’abri de toute aide. Bientôt, ce que l’on appellera la Venise des Glaces se retrouva déserte et morte. Mais le Destin lança une ultime punition aux Nephilim trop prétentieux qui s’étaient attaqués à cette étendue sauvage : les pulsations magiques, dont le reflux avait empêché la création d’un climat plus doux, subit un retour de flux si puissant que les stases, gorgées de Ka, rejetèrent les Nephilim dans une sombre narcose. Ces conquérants d’hier devinrent des fantômes, errant dans une cité de glace merveilleuse, mais morte. Puis, le reflux acheva de les dissoudre dans les champs magiques, scellant leur disparition définitive.

Les Survivants du Rêve Etoilé

Alors que les lames des Orchka taillaient de profonds sillons dans le peuple des Nephilim, certains d’entre eux cherchèrent à échapper aux massacres haineux des humains en entamant un long exode, qui s’avéra empli de mort, de douleur et de désespoir. Finalement, les plus courageux durent s’arrêter sur les côtes australes, où le climat, la flore et la faune étaient devenus si hostiles que les fidèles de Prométhée n’osaient s’y aventurer pour poursuivre leurs massacres. C’est là que les Nephilim souillés d’orichalque purent prendre quelques instants de repos, ne faisant que retarder une agonie qui finirait par leur entière dissolution dans les champs magiques.

Ce n’est que grâce à l’énergie du désespoir qu’ils parvinrent à rallier le Rêve Etoile, un domaine élémentaire où leur dissolution pouvait enfin être compromise. Ils y trouvèrent Baïamé, un Kaïm jadis exilé d’Atlantys, qui vit avec peine ses frères déchus se traîner jusqu’en ces terres dont il était le souverain. Alors, il les autorisa à puiser dans les forces du Rêve Etoile pour survivre et prendre leur temps pour se reposer de leur voyage qui avait entraîné la perte de tant des leurs.

Les Egarés de l’Etoile

Parmi les Kaïm qui avaient jadis quitté le Sentier d’Or et l’Atlantide, les Fils des Etoiles étaient peut-être les plus grands voyageurs. Pourtant, leurs errances ne les épargnèrent pas du souffle de l’explosion d’orichalque et, inquiets, ils se hâtèrent vers l’Atlantide, où ils avaient laissé leurs frères pour partir à la recherche des signes des Voor, race extra-terrestre à l’origine de la vie sur Ka-ïa, selon leurs dogmes.

Ils ne se doutaient pas qu’il ne s’agissait pas là de l’arrivée des Voor ou d’un quelconque message, mais d’une explosion de mort et de destruction. Lorsqu’ils arrivèrent devant les ruines de leur patrie, ils découvrirent des humains armés d’orichalque. Prenant les Orchka pour des Voor, ils s’approchèrent d’eux sans se méfier. Mais les Orchka, eux, n’eurent aucune pitié et aucune hésitation : ils se jetèrent sur les Fils des Etoiles et les massacrèrent. Les blessés connurent leurs premiers enfermements dans des stases et ceux qui s’échappèrent décidèrent de procéder autrement pour signaler leur présence aux Voor. Ils se plongèrent dans une narcose volontaire et s’endormirent dans les champs magiques pour devenir des sortes de glyphes stellaires, qui sont aujourd’hui considérés comme d’extraordinaires repères stellaires par l’Arcane de l’Etoile.

La quête d’Hyperborée

Abandonnant le nom de Del en revenant auprès des siens, Pélagos prit la tête des Nephilim qui cherchaient un refuge face aux chasses prométhéennes. Avec Cicely, un des Poursuivants d’Atalanta qui cherchait à recréer le Jardin des Hespérides plus au nord, ils partirent en quête d’un avenir meilleur dans les terres d’Hyperborée, terres inconnues, juste rêvées, dépourvues de la souillure de l’orichalque et protégées de toute incursion humaine.

Le voyage fut long et fatiguant, mais les Nephilim commencèrent à apprendre les ressources de leurs simulacres et à percevoir par l’intermédiaire des sens humains. De plus, ils redécouvrirent des secrets perdus depuis la Chute et leur déchéance, notamment les secrets des Akasha, ces rêves humains cristallisés dans les champs magiques. Ils connurent le plaisir de la redécouverte et l’appétit du savoir perdu, ainsi que l’amère morsure de la nostalgie.

Puis, ils atteignirent enfin Hyperborée, qui prit aussi le nom de Thulé ou d’Asgard. Cet Akasha, qui portait la marque du passage de Donimo, était encore peuplé par quelques Kaïm agonisant sous la contamination des champs magiques par l’orichalque. La rencontre des deux peuples, l’un souvenir vivant en déchéance et l’autre redécouvrant un glorieux passé, se solda par une séparation aussi rapide, les Kaïm refusant de péricliter sous les yeux des Déchus et les envoyant sur d’autres quêtes de sapience.

Avec la disparition des derniers Kaïm survivants de la Chute, dévorés par l’orichaque, l’Hyperborée devint le refuge des Nephilim fuyant les traques mortelles des Glaives Prométhéens et des Bohémiens suivant les traces de leurs maîtres d’antan. Les Initiés du Soleil Caché, toujours à la recherche d’Atalanta et de Donimo, le porteur des fruits du Jardin des Hespérides, trouvèrent des traces du passage de ce maître à penser et reconstituèrent le plan qu’il avait tissé pour invoquer Atalanta, lors de sa fuite. Les quelques Poursuivants méjugèrent pourtant la puissance de Kalidon et, lorsque celui-ci arriva, il dévora sur place de nombreux Nephilim présomptueux qui tentaient de s’emparer de la sapience fugitive d’Atalanta. Les rares survivants ne durent leur survie qu’à une mise en commun de leur essence magique. Lorsque la tempête de Ka fut retombée, ils découvrirent leurs effectifs dévastés et comprirent qu’ils avaient échoué dans leur quête, comme Donimo avant eux. Alors, sombres et abattus, ils se sacrifièrent pour gorger les jardins d’Hyperborée de leur Ka, en espérant que des Déchus plus sages qu’eux réussiraient un jour là où ils venaient d’échouer.

Les Nephilim désorientés commençaient à comprendre que leur vie était désormais et à jamais changée. Pélagos, dans sa grande sagesse, s’entoura des Bohémiens de Tin-Hinan, qui l’avaient suivi, et leur montra les néfastes conséquences du Sentier d’Or, qui les avait mené à la Chute. Mais l’ange Apollon, qui la jalousait et qui restait un fervent défenseur de la négligence de l’humanité dans la recherche du Ka-Soleil, détourna les dires de Pélagos et ranima les vieilles rancoeurs des Nephilim à l’encontre des hommes. Ecoeurée et désespérée, Pélagos comprit qu’elle avait échoué à remettre les Nephilim dans le droit chemin et partit avec la caravane de Tin-Hinan vers la Méditerranée.

Mais, en chemin, la caravane se divisa. Une partie des Bohémiens retourna en Hyperborée pour défier Apollon, mais celui-ci avait déjà envenimé le cœur des Nephilim. Ces Bohémiens vindicatifs furent tués ou dispersés, devenant la Kompania du Feu, les Gitans.

Ceux qui suivirent Pélagos jusqu’au bout du chemin s’arrêtèrent sur l’île d’Ortygie, où la naïade fut révérée sous le nom de Phoïbos par des humains prit d’une fièvre religieuse, mais abandonnant toute étude de l’ésotérisme.

Les Espoirs de la Lune Noire

Les Nephilim qui avaient trouvé refuge en Hyperborée vécurent quelques temps de repos, mais l’Akasha dériva lentement, obligeant les Déchus à le quitter, la mort dans l’âme, et à s’exposer de nouveau aux lames meurtrières des Glaives Prométhéens. Leur déchéance était réelle, et ils sentirent l’imminence de leur disparition.

Venue des tréfonds d’un souvenir lointain ou d’une suggestion lointaine des Parques, une solution apparut dans l’esprit de Lilith pour contrer la meurtrissure de l’orichalque. Jusque là simple membre de l’Ar-Ka-Na des Custodiens de Ka-ïa, Lilith découvrit dans les ruines d’un jardin en Sicile les secrets anciens de l’Ar-Ka-Na des Questeurs de la Sapience Primordiale, qui avait accueilli les Ethérés contaminés par la Lune Noire. Et la Lune Noire s’avéra insensible à l’orichalque. Profitant de l’aubaine, Lilith subit la Transformation, devenant une Selenim, un être de pur Ka-Lune noire. Avec ses suivants, Sîn et Eternel, jadis opposant farouche aux expériences de ses frères Kaïm.

Les Selenim renversèrent l’issue du conflit face aux Glaives Prométhéens et terrifièrent tant les humains que les Nephilim gagnèrent un peu de répit. Certains d’entre eux passèrent également aux côtés de Lilith et partirent avec elle vers le soleil couchant, de l’Autre Côté de l’Onde Amère, où ils discernaient de fortes émanations de Ka-Lune noire. Ils débarquèrent A l’Envers du Ciel, où la Lune Noire disputait son autorité aux gouffres creusés par la chute d’Orichalka. Les suivants de Lilith y découvrirent quelques humains, rescapés du Sentier d’Or et laissés pour compte, et ceux-ci devinrent leurs serviteurs et leur bétail.

Mais les Selenim n’étaient pas seuls. Des Sauriens, reflets déformés des Primordiaux, êtres ignobles aux Cœurs de Ténèbres, jaillirent des jungles et tombèrent sur les jeunes Selenim. La bataille fit rage et les griffes d’obsidienne des Sauriens s’avérèrent plus mortelles encore que jadis les lames d’orichalque des initiés de Prométhée. Les servants des Selenim firent de leur mieux pour défendre leurs maîtres, édifiant des sanctuaires de pierre dans le vain but d’empêcher le désastre.

Pourtant, les efforts des Selenim trouvèrent leur paroxysme grâce à la sapience de Tezcatlipoca, Miroir Fumant en énochéen. Celui-ci les convainquit d’unir leur puissance dans le seul but : tuer les Sauriens. Ils fusionnèrent leurs esprits pour ne devenir qu’une seule et même arme. Se gorgeant des Cœurs de Ténèbres des Sauriens qu’ils terrassaient, ils devinrent de plus en plus puissants et contraignirent les Sauriens à se replier dans leurs cavernes où ils furent impitoyablement massacrés. La traque des Sauriens s’acheva par une curée au cours de laquelle les sacrifices se succédèrent et la puissance des Selenim s’accrut. Nombre d’entre eux succombèrent à l’Entropie et furent dissout par leur propre Ka-Lune noire. Les autres se rassemblèrent en un grand rituel à Yohual-Tecuthlin, lors duquel les Sauriens furent engloutis par la terre. Enfermés au plus profond de l’Hadès, les Sauriens devinrent les gardiens des Cercles Inférieurs, nourris par des sacrifices fréquents organisés par les Selenim défenseurs des pyramides antiques.

Assistant à la Transformation de Lilith, Vul-Caïn trouva en son geste l’avenir de ses frères, mais il ne partit pas à sa suite. Lui, qui avait tant ressenti l’amertume de la perte de l’Atlantide et avait pensé plus d’une fois à se laisser aller à la narcose, trouva une nouvelle raison de vivre en se lançant à l’assaut des Glaives Prométhéens sous la forme d’un Selenim. Il se fit une fierté de s’élancer à l’assaut des Orchka dans tous les conflits, de les massacrer et de noyer son amertume dans le sang de ses victimes.

Puis, lorsque les combats se firent moins âpres, il se lança dans la découverte de l’Hadès et de l’orichalque. Lui et les siens descendirent dans un gouffre creusé par Orichalka et s’y installèrent pour étudier le métal honni.

Les Plans de Prométhée

La Chute et l’association des hommes et des Titans avaient placé les Nephilim prométhéens dans une position favorable pour dominer le monde et les autres Nephilim. Grâce à eux, les disciples de l’Epée, les Mystes, avaient en main les armes de la vengeance, offertes gracieusement par les Maîtres Pragmatides placés sous l’autorité de Prométhée.

Mais leur utilisation restait discutable aux yeux d’un Onirim proche de Prométhée lui-même. Déçu par son attitude, beaucoup plus haineuse et vengeresse qu’une simple volonté de sauver l’humanité du joug des Fils des Ethers, il commença à contester la mission des Mystes, puis à s’y opposer. Refusant le titre de Titan du Nadir, comme l’aurait voulu Prométhée, il devint l’Adversaire auprès des fidèles des Titans, oubliant presque son nom : Shaïtan. Il ne garda de son passé qu’une amitié respectueuse pour Hécate, Titan de l’Occident, avec qui il avait partagé de nombreux cycles basaltiques et qu’il n’attaqua jamais.

Malgré sa déception de voir un Onirim aussi prometteur que Shaïtan s’évertuer à s’opposer à ses fidèles, Prométhée ne ralentit pas pour autant ses plans pour l’hégémonie humaine. Il continua à former les Mystes et commença à étudier les liens du Nephilim et de l’humain lorsqu’ils cohabitaient, jusqu’à se pencher plus particulièrement sur le passage en ombre, un phénomène qui faisait passer un Nephilim à l’arrière-plan de son simulacre. Prométhée comprit qu’il suffirait de peu pour que l’homme puisse instinctivement rejeter tout être étranger en ombre, et il chercha un sanctuaire où concrétiser ses recherches. Impatient, il se mit en route vers ses jardins d’antan, sur l’île de Madagascar, suivi par son fidèle compagnon d’exil, Azare.

La Quête de Rebis

Dans son cocon lointain, Rebis ressentit toute la douleur des Kaïm, véhiculée par les champs magiques, et perçut leur souffrance lorsque l’orichalque mordit leurs corps sous la main des Glaives Prométhéens. Puis, lorsque les cris et les pleurs cessèrent, Rebis s’interrogea sur ce soudain silence. Il était seul, depuis que les émissaires du 666 avaient emportés Mu en secret dans un sanctuaire lointain, et il le fut encore plus lorsque les humains comme les Nephilim le repoussèrent, car son apparence d’androgyne rappelait bien trop les expériences qui donnèrent naissance à Ram, qui avaient dégoûtées autant les humains du Sentier d’Or que les Nephilim qui y avaient vu toute l’horreur et l’aveuglement de leur peuple.

Seuls les Selenim l’accueillirent avec bonté et le menèrent jusqu’à la Pierre Angulaire, abattue par Orichalka, mais toujours existante. Celle-ci, percevant sa détresse, l’éveilla en lui racontant l’histoire des Kaïm et de l’orgueilleuse Atlantide. Horrifié mais conscient dans son rôle dans l’avenir du monde, il accepta le don de la Pierre Angulaire en dérive et entreprit de rencontrer tous les membres du Glorieux Alliages, ces Nephilim si étranges nés des cocons planétaires. Pendant ces errances, il commença à imaginer un nouveau monde, dont il conçut chaque détail, dans l’espoir de rendre le Graal Primordial plus accueillant pour les Déchus.

La Première Hermétèque

Laissant en arrière les folies et les ruines de l’Atlantide, Hermès le Trois-Fois-Grand, émergé du cocon de l’Air, partit dans une quête mystique de connaissance sous la forme d’un vieillard à longue chevelure blanche tombant sur ses épaules, incarnation même du vénérable et sage démiurge. Les rares qui le croisèrent furent émerveillés par la bénédiction qui semblait reposer sur lui et par la profonde puissance qui parait son métamorphe d’une toge blanche où la course des étoiles reflétait sa propre errance vers le mont Atlas.

Lorsqu’il eut gravi la montagne et sentit ses espoirs grandir, il fonda sa propre église, son abbaye du savoir, son temple de la connaissance, qui prit le nom de Témara, la première Hermétèque. Avec l’aide de Nephilim méritants qui parvinrent jusqu’à lui et qui passèrent les épreuves de l’apprentissage de l’Alkaest, une forme particulière de l’alchimie ancestrale, il recueillit les savoirs et les mystères du monde des Nephilim. En souvenir de son premier disciple, il baptisa sa communauté sous le nom des Frères d’Asclépios, et chacun d’eux dut, après avoir percé les secrets de l’Alkaest, entamer un voyage initiatique similaire à celui du Trois-Fois-Grand. Sur le chemin, Hermès avait laissé des arabesques énochéennes complexes qui recelaient la connaissance des cocons, mais aucun de ses fidèles ne réussit jamais à percer ce secret dont il devint l’un des seuls détenteurs.

Pourtant, par l’intermédiaire des champs magiques, Hermès entra en contact avec l’un des enfants des cocons, un des membres du Glorieux Alliage, la fulgurante et fuyante Atalanta. Grâce aux connaissances magiques d’Hermès, ils purent tous deux communiquer et s’aider mutuellement, même lorsque Kalidon s’élançait sur les traces de la Fugitive.

Le Silence Fuligineux

Malgré l’aide salvatrice des Selenim, qui, immunisés à l’orichalque, avaient occasionné de sérieux revers aux serviteurs de Prométhée, les Nephilim restèrent longtemps sans défense sur ce nouveau monde qu’ils avaient à redécouvrir à travers leurs yeux de Déchus. Peu à peu, l’influence de l’orichalque sur les champs magiques et les pentacles se ressentit, car les Nephilim commencèrent à oublier. Ce fut d’abord des balbutiements, puis une brume opaque qui envahit leurs esprits, et enfin un néant froid qui remplaça les souvenirs de la Chute et au-delà : les Nephilim subissaient l’effet amnésique de l’orichalque sur leurs pentacles, et même les Selenim en connurent les conséquences. Hermès lui-même oublia pendant un temps sa propre création, l’écriture, mais n’en abandonna pas moins son travail.

Il fut donc temps de réapprendre, mais les unions anciennes, les Ar-Ka-Na, étaient désormais brisées et les alliances d’hier étaient dissipées dans des souvenirs en déliquescence. Alors que certains s’évertuaient à rechercher la connaissance perdue, d’autres se regroupèrent pour s’emparer de force de la sapience des autres. Les Nephilim s’attaquèrent à d’autres Nephilim, les frères d’avant devinrent des ennemis farouches, et la sapience se transforma en un trésor inestimable et valant bien la mort de quelques-uns. A force d’alliances, certains groupes purent faire face efficacement aux Mystes, d’autres se contentèrent de tyranniser les Nephilim plus faibles pour s’emparer de leurs connaissances parcellaires dans les liens nouveaux qui les unissaient aux champs magiques.

Renaissant sur le Graal Primordial comme des êtres anciens aux esprits nouveaux-nés, les Nephilim recommencèrent leur histoire une fois de plus par des escarmouches sanglantes que l’on nomma par la suite les Guerres Elémentaires.

Les Grandes Chasses

Dans le chaos des Guerres Elémentaires, les Nephilim réitérèrent les erreurs d’antan et se rassemblèrent une fois de plus par affinités élémentaires. La perte de l’écriture par Hermès rendait toute négociation via les champs magiques impossible, et les contacts entre les Déchus ne devinrent que des successions de conflits entre éléments opposés. Les haines, les rancoeurs, les suspicions, alimentèrent les conflits, et la présence des initiés humains de Prométhée ne fit qu’attiser les conflits, certains Nephilims n’hésitant pas à s’allier aux Orchka pour éliminer d’autres Nephilim. Certains luttaient par vengeance, d’autres par convoitise, d’autres pour quelques bribes de connaissance. Chaque nexus, chaque plexus devint le lieu d’un conflit et de mille escarmouches. Des Nephilim puissants s’élancèrent dans des mêlées sanglantes, se livrant à des instincts destructeurs, comme Morphée, le Tuteur Lunaire, et le Lion Vert.

D’autres, acquérant la sapience en redécouvrant des artefacts anciens, en visitant les Akasha perdus, en dérobant la sapience d’autres Nephilim ou en progressant dans la première des sciences occultes, la magie, parvinrent à atteindre l’Agartha, concept alors encore mal connu. Ainsi en fut-il pour Stromboli le Cyclope, Qan-Daha l’Aérien – aussi connu sous le nom de Gandhara – et Chéronos le Triton.

Mais nombreux furent les Nephilim qui furent arrêtés en pleine élévation par les Glaives Prométhéens, qui, frappant les Déchus, les plongeaient dans la narcose, avant de les enfermer dans des artefacts consacrés venus des Terres Rares, les stases. Reclus dans ces prisons précieuses, il se passa parfois des décennies et même des siècles avant que la lente fluctuation des champs magiques ne les éveille à nouveau et ne les libère des tumuli de soldats anciens de Prométhée.

Les plus optimistes remarquent que les Grandes Chasses poussèrent les Nephilim à apprendre à utiliser au mieux leurs simulacres et à manipuler les champs magiques, sans pour autant retrouver le défunt pouvoir qu’ils appelaient autrefois He-Ka, et dont la magie n’est plus qu’une ombre pâle et insignifiante. Néanmoins, les Nephilim recollèrent avec leur passé dans les sanctuaires de Babel et de Mohenjo-daro, où la magie prit pour la première fois son envol.

D’autres évoquent le rapprochement, voire l’acceptation, des Selenim par les Nephilim. Pour échapper à la morsure de l’orichalque, bon nombre d’entre eux succombèrent à la tentation de la Transformation, suivant l’exemple de Lilith et de ses frères. Cette mobilisation en masse des Selenim et des Nephilim poussa les Orchka à ralentir, puis à transformer leurs Chasses en escarmouches plus sporadiques. Les Mystes durent panser leurs blessures eux aussi, offrant un peu de répit à la civilisation déchue des Fils des Ethers.

La Malédiction de Hécate

Lors des Grandes Chasses, les Titans furent souvent sur le pied de guerre, affrontant leurs propres frères. Ainsi, Hécate, Titan de l’Occident, aimait tant l’humanité qu’elle risqua sa propre vie en affrontant des Selenim en se glissant dans l’ombre de son simulacre. Mais Lilith, qui menait les Selenim, s’avéra la plus forte et avala tout le Ka-Soleil du simulacre de Hécate, la laissant pour morte, au même titre que tous ses suivants.

Quand elle se réveilla, Hécate contempla le massacre de ses troupes et s’aperçut que son corps lui-même portait les stigmates de la bataille : elle venait de s’incarner dans l’un des cadavres du champ de bataille, et son pentacle, jadis si lumineux et si fier de ses cinq Ka-éléments éclairés par le Ka-Soleil d’un simulacre vivant, n’était plus qu’un noyau de Lune noire dans l’ombre d’un corps sans vie.

Hécate pleura la perte de sa lumière intérieure et chercha à changer de corps, à abandonner son simulacre de chairs tranchées et de blessures sombres. Mais, là où elle percevait la vie, celle-ci s’éteignait à son approche. Inconsciemment, elle s’assouvissait sur ces pauvres victimes, jadis ses propres troupes.

Désespérée, elle tenta de retourner auprès de Prométhée, en qui elle avait toujours été fidèle, mais elle ne put l’approcher, tant la honte et la peur de décevoir assaillait son cœur. Elle le regarda de loin se diriger vers son futur et resta en retrait, cachée dans les ombres. Elle lui offrit de loin un seul cadeau, qui prit la forme d’une gangue de Ka-Lune noire autour de son pentacle, comme si elle avait eu une vision du futur tragique qui attendait Prométhée.

La Variation Prométhée

Retournant en son sanctuaire, l’île de Madagascar, Prométhée mit au point sa plus terrible arme, une altération génétique qui pousserait les Nephilim à passer dans l’ombre des simulacres infectés. Il donna son nom à cette étrange affliction et offrit le secret de la Variation Prométhée à Azare sous la forme d’une magnifique émeraude.

Prométhée reparti auprès de ses disciples Mystes, Azare devint le détenteur unique du secret de la réconciliation entre les Nephilim et les hommes, mais la colère des Déchus à l’encontre des Titans et des Nephilim prométhéens était trop forte pour que son message perce. Pour l’exemple, Azare passa dans l’ombre de son simulacre et attendit des jours meilleurs pour utiliser la Variation Prométhée. Le simulacre d’Azare ramassa l’émeraude et l’emporta avec lui vers une destination inconnue. Elle ne reparut que bien plus tard, dotée d’un ego et d’une influence certaine sur ceux qui entameront le Chemin des Pendus.

En l’absence de Prométhée, les Mystes de Madagascar se refermèrent sur eux-mêmes pour devenir la Tribu des Vazimba, qui disparurent au fil des invasions et des colonisations, mais que les Mystes connaissent aujourd’hui pour être à l’origine des Mystères de Famadihana, de la communication avec les esprits des morts et de l’alliance possible des Mystes avec des Selenim.

Les Massacres des Glaives Prométhéens

Depuis qu’ils avaient édifié un refuge parfait dans les jardins d’Eden, les Custodiens de Ka-ïa tentaient de vivre en parfaite harmonie avec la faune et la flore de Mésopotamie. En –6500 avant Jésus-Christ, l’ombre arriva sous l’apparence des Glaives Prométhéens, qui fondirent sur l’Eden. Orichalka avait déjà profondément blessé les jardins d’Eden, les lames d’orichalque semèrent la mort chez leurs occupants. Les rares Nephilim qui parvinrent à échapper aux traques meurtrières des Glaives Prométhéens durent s’incarner dans des animaux, devenant les premiers zoomorphes et donnant naissance à la Quête du Simulacre Imparfait.

Les Nephilim qui fuyaient les Guerres Elémentaires à la recherche de sanctuaires où oublier la violence trouvèrent, en –5800 avant Jésus-Christ, les champs de ruines qu’étaient devenus les jardins d’Eden. Ils pleurèrent le paradis dévasté et décidèrent de continuer leur route vers Babel. Là, ils décidèrent d’édifier un temple dédié à la sapience et à la connaissance de l’humanité. Ainsi naquit la Bibliothèque-Monde, ou Temen-An-Ki en énochéen. Mais à peine fut-elle élevée que les Glaives Prométhéens qui avaient rasé les jardins luxuriants d’Eden frappèrent la tour magique et la pillèrent. Pourtant, les connaissances qui s’y trouvaient cachées ne fut qu’un butin dérisoire, car ils ne comprirent rien à la sapience énochéenne. Mais la chute de Temen-An-Ki fut une perte considérable pour le peuple des Fils des Ethers comme pour celui des humains.

Les Découvreurs d’Erin

Hyperborée ayant périclité sous l’influence grandissante de l’orichalque et en raison de la fourberie d’Apollon, les Nephilim s’éparpillèrent dans le nord, tentant d’échapper aux Glaives Prométhéens qui les avaient traqué jusqu’aux frontières de l’humainement acceptable.

Attendant avec impatience le retour des Nephilim dans les régions aux climats moins hostiles, les disciples de Prométhée occupèrent toutes les terres accessibles à leurs ennemis. C’est ainsi qu’un groupe de Glaives Prométhéens débarqua en Erin, l’actuelle Irlande, en –6300 avant Jésus-Christ. Ils y découvrirent un passage vers l’Hadès, le monde chtonien, et comprirent l’aubaine qu’ils avaient d’avoir tant d’orichalque sous la main. Mais un groupe de Selenim, les Fomor, repéra les Mystes occupés à effectuer de complexes rituels autour de l’orichalque. Ils les prirent au dépourvu et les massacrèrent sans attendre, mais le mal était fait : les Mystes étaient au courant de l’existence d’un gisement d’orichalque en Erin, et ils y retournèrent ensuite pour s’intégrer à la communauté des Fir-Bolg.

Ce n’est qu’en –5500 avant Jésus-Christ que les premiers Nephilim accostèrent sur Erin, mais les Fir-Bolg s’opposèrent dès lors à leur installation, en manipulant les éléments pour les rejeter à la mer. Une fois de plus, les Fomor intervinrent et prirent à revers les Fir-Bolg. La tribu humaine fut massacrée par les forces alliées des Selenim et des rescapées de l’Hyperborée qui se firent appeler les Thuatha-de-Danan, ou Tribu de Dana.