Derrière le Désert

Derrière le Désert

   On était parti pour une expédition risquée dans le Sahara. On avait enfilé nos masques filtrants, l'air risquant d'être saturé par le sable à tout moment, et également des tenues adéquates contre la chaleur. C'étaient des doudounes de congélation qui isolent le corps de toutes les températures extérieures. On avait tous l'air de partir en Antarctique avec nos tenues d'explorateurs des pôles. Avant qu'on parte, la tour de contrôle nous a donné des GPS pour nous secourir en cas de problème.

   On partait à l'emplacement désigné d'un ancien tombeau de rois locaux d'antan, apparemment rempli de trésor précieux. On y était allé à sept dans une jeep tout-terrain dès huit heures du matin. Parmi nous, il y en avait un qui était inquiet. C'était notre spécialiste de la fouille archéologique de sépultures oubliées, un certain Steven. Un gars plutôt mince pour cette mission, mais on avait besoin de lui pour ouvrir le tombeau. Il disait qu'il avait peur que les pièges soit toujours actifs, pourtant, il avait affirmé que cette tombe était assez vielle pour que les chausse-trappes soit tous hors service.

    Quand après plusieurs heures de route, on est arrivé à destination, on s'est tous demandé comment ce tombeau était resté caché au monde pendant aussi longtemps. Il s'agissait d'un immense rocher rouge certainement taillé dans son intégralité à l'image du souverain qui y reposait encore aujourd'hui. En s'en rapprochant on a constaté que les sculptures n'étaient pas toute à l'image d'un homme de pouvoir. Certaines étaient à l'image de créatures ésotériques, on pensait avoir découvert une nouvelle civilisation. On avait rapidement éclairé le trou perçant l'édifice. Il s'agissait d'un couloir descendant certainement au-delà du désert, une vraie cité de Petra abyssale cet endroit. Quoi qu'il en soit, on a pris nos lampes torches pour pénétrer dans le tunnel sombre servant d'entrer à la tombe.

   L'architecture de ce couloir était étrange, un mélange de temples grecs et mines de cuivre américaines. Ce boyau de grès était étrangement tentaculaire, chaque passage descendant vers un autre endroit. Heureusement que des semblants d’écriteaux en hiéroglyphes nous aidaient à ne pas nous perdre. Un de nos spécialistes, qui avait pris les devants, nous avait dits avec une étrange fascination que ces hiéroglyphes étaient presque identiques à ceux utilisés par les pharaons, mais toujours avec une anomalie, un détail indéchiffrable.

    Enfin après plusieurs heures de plus à déchiffrer les symboles, noter nos découvertes, chercher l’emplacement du tombeau, consommer quelques provisions, vider nos bottes du sable quelles contenaient et faire briller nos yeux devant notre surprenante découverte ; nous avons découvert le dit tombeau. En tout cas, c'est ce que les hiéroglyphes environnants insinuaient avec tant de crainte. La salle était grande, sombre, poussiéreuse et puant l'odeur de viande en décomposition, mais étrangement propre à certains endroits pour un tombeau des millénaires. Des arcs en pierres imprégnés de feuilles d'or soutenaient la voûte massive au-dessus de nous, des statues d'un art nouveau représentant rois ou créatures issus de quelque folklore, étaient placées sur des autels raffinés, en train de fixer l'entrer. Fresques stylisées décorant murs et sol avec une aura mystique, semblait nous mettre toujours plus en garde. Et enfin des dorures et d'autres pierres rares chatoyantes portées avec fierté par des mannequins d'argiles finissaient d'orner la sépulture d'un empereur qu'on adorait certainement comme le plus grand des dieux quand il siégé encore sur le trône de ses ancêtres.

    Avec un professionnalisme glaçant, un de nos archéologues s'approcha avec ses instruments de ce qui était à coup sur la tombe que nous convoitions. Il en mesura toutes les longueurs, tous les symboles, il en fit des croquis et des schémas. Bien vite, on était allées l'aider les yeux encore plein de merveilles. Après plusieurs minutes de concentration, il saisit Steven pour l'amener en retrait, en nous demandant de continuer à déchiffrer les motifs de la tombe. On l'entendit donner des explication à Steven avec un langage froid et technique, factuel, ordonné et efficace. Enfin, ils revinrent et nous demandèrent de nous décaler.

    Steven plaça sa main sur l'un des symboles et la fit délicatement se décaler sur un autre, puis un autre, et encore un. Il était en train d’exécuter une configuration censée, d'après ses instructions, déclencher l'ouverture du cercueil de pierre. Arrivé à un des hiéroglyphes, il appuya dessus. Ce dernier s'enfonça dans la pierre en remuant la poussière.

    Les murs se mirent à trembler soudainement, comme soutenant le poids d'un mécanisme se mouvant. Nos regards humides se tournèrent vers le donneur d'instruction de Steven alors en sueur pour savoir si les secousses étaient prévues. Il nous répondit qu'il n'avait pas réussi à tout traduire, mais que dans les grandes lignes les hiéroglyphes évoquaient un tremblement après l’achèvement de la configuration. Les tremblements s'accompagnèrent d'un soudain son strident de pierre se décalant. Comme ci on venait en fait d'ouvrir un tombeau bien plus gros et que ce qu'on pensait l'être n'était que le levier de cette action.

    Quoi qu'il en soit, un lourd bruit d'écroulement sableux s'écrasa sur le désert. Nous avons été pris de panique et nous mirent à courir sans hésiter vers la sortit. En quelques minutes nous sommes arrivés dehors, et avec effroi, je vis qu'un nuage de sable était à une dizaine de mètres de moi. Une seule évidence, une dune venait de s’effondrer sur elle-même certainement à cause du mécanisme que nous avons activé. Et lâchement porté par son urine nerveuse, Steven courut suivi des autres vers la JEEP d’expédition alors que moi, j'était en train de me faire engloutir par la tempête.

   J'entendis le moteur s'éloigner sans moi, il couvrait froidement mes cris de désespoirs. Le poids de l'air et le vent finirent par me faire chuter après quelques mètres de marche futile. Je me mis sur le dos avec la certitude que j'étais perdu. Et c'est alors que, les yeux derrière mon masque, je vis la chose qui avait fais s'écrouler la dune responsable de cette tempête fatale. À travers le sable volatile, apparaissant par le peu de lumière que son corps reflétait. Au milieu d'un Armageddon aride. La silhouette gargantuesque d'un colosse. Un ange déchu. Son corps plus haut que les pyramides, allant accomplir quelconque besogne immaculée, était fait de cristaux diaphanes et opaques. Nous l'avions libéré, nous, ignorants attardés. Et c'est quand la créature flottante poussa un cri brumeux et grinçant hors du réel, que le sable brisa mon respirateur et s'infiltra dans mon masque.

    C'est 3 jours plus tard qu'on retrouva le corps de cet homme noyé dans les mers de sable, les yeux toujours grands ouverts.